Attaques violentes, condamnations pour blasphème… les chrétiens n’ont pas été épargnés cet été au Pakistan.
Au Pakistan, les chrétiens sont souvent victimes d’attaques violentes. Considérés comme des citoyens de seconde zone, ils sont aussi de plus en plus condamnés à cause des lois sur le blasphème. Cet été, ils n’ont pas été épargnés.
Un prétexte pour se venger
- Le 8 août, deux hommes armés à moto ont ouvert le feu dans un quartier chrétien de la ville de Mastung, au Centre-Ouest du Pakistan. Un chrétien a été tué et trois adolescents blessés. La victime, Wilson Masih, était le frère de Hendry Masih, un membre chrétien du Parlement pakistanais assassiné en 2014.
- Le 4 juillet, Ashfaq Masih, 34 ans, un chrétien réparateur de bicyclettes à Lahore, dans le Nord-Est du Pakistan, a été condamné à mort pour blasphème lors d’une dispute avec un client. Ce dernier avait demandé à Ashfaq de ne pas lui faire payer la réparation de son vélo parce qu’il était un adepte du soufi (branche de l’islam). Mais le mécanicien avait rejeté sa demande. Il a dit à son client qu’il était chrétien et qu’il n’était pas intéressé par l’islam. Ashfaq a alors été arrêté pour avoir manqué de respect au prophète de l’islam Mahomet.
- Le 8 juin, la Haute Cour de Lahore a confirmé la condamnation à mort de deux frères chrétiens. Ils avaient été reconnus coupables en 2018 d’avoir publié des contenus blasphématoires sur internet. Qaiser et Amoon Ayub ont toujours clamé leur innocence. Mais les deux frères sont en prison depuis 2011. Ils ont décidé de porter leur affaire devant la Cour suprême.
Des assassinats fréquents
Au Pakistan, personne n’a jusqu’à présent été exécuté en vertu de la législation sur le blasphème. Souvent, ces lois sont utilisées pour motif de vengeance personnelle. C’est certainement le cas pour Ashfaq, le mécanicien. Il soupçonne un concurrent d’avoir monté l’affaire de toute pièce pour le faire accuser. La plupart des accusés sont finalement libérés en appel. Mais ils doivent ensuite faire face à la «justice» populaire: plus de 50 personnes ont été assassinées lors d’exécutions extrajudiciaires…
Malgré l’acquittement d’Asia Bibi par la Cour suprême en 2019, le nombre de cas de blasphème impliquant des chrétiens a augmenté. Les chrétiens et les autres minorités religieuses ne représentent qu’environ 4% de la population du pays. Mais ils constituent environ la moitié des personnes accusées de blasphème.
P.O