« Une alternative chrétienne à Halloween » : des catholiques traditionalistes se rassemblent pour célébrer la Toussaint

Rédaction Alleluia Event
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Près de deux cents catholiques se sont rassemblés à Limoges pour participer à une procession destinée à fêter tous les saints ce mercredi 29 octobre 2025. Une « réponse » à la célèbre fête païenne d’Halloween qui était organisée pour la première fois à Limoges. Un historien décrypte ce phénomène.Sur le parvis de la cathédrale de Limoges, mercredi 29 octobre 2025, environ deux cents catholiques sont réunis en fin d’après-midi.

Ils sont venus de toute la France pour participer à une procession destinée à fêter la Toussaint. À grand renfort de chants, de prières, et de bannières à l’effigie des saints, la manifestation a aussi une valeur symbolique. »C’est une alternative chrétienne à Halloween. On parle de ‘Holy Wins’, ce qui veut dire ‘la sainteté l’emporte’. C’est un message de joie et de paix », indique Sébastien Guilhem, membre de l’organisation de Holy Wins.Dans le cortège composé essentiellement de familles, une centaine d’enfants déguisés pour l’occasion. Contrepied à la célèbre fête païenne, ils ont revêtu les habits des saints dont ils portent le nom.

C’est le cas d’Albéric, tête blonde et robe de marron ceinturée qui raconte l’origine de son prénom : « C’est un moine qui a construit une église et qui a un peu réformé son ordre qui a été créé par Saint Benoit ».La procession a déambulé pendant environ une heure autour de la cathédrale de Limoges.Une première à LimogesL’évènement Holy Wins a été créé en 2002 par des jeunes du diocèse de Paris « afin de redonner un sens à la fête de la Toussaint ».

C’est la première fois que la manifestation se déroulait en Haute-Vienne. Le projet a été organisé en partenariat avec le Diocèse de Limoges et le mouvement d’évangélisation Famissio.Ce mouvement, créé en 2018 en Creuse, rassemble des familles missionnaires venues de toute la France. Il participe régulièrement aux actions et aux événements organisés par la paroisse de Limoges.

C’est à ce titre que plusieurs familles missionnaires participaient au rassemblement organisé mercredi soir à Limoges.Une réponse à HalloweenSi cette manifestation catholique était une première à Limoges, elle ne surprend pas Charles Mercier. Ce professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bordeaux est un spécialiste du catholicisme et de la laïcité. « Halloween a été importée relativement récemment dans la culture française. Il y a encore vingt ou trente ans, c’était la Toussaint qui était fêtée, rappelle-t-il. Halloween s’est imposée en raison de la sécularisation et de l’américanisation du monde.

Cet évènement montre la volonté de certains catholiques de ne pas voir la Toussaint effacée par Halloween. »Dans une époque où la religion catholique est en perte de vitesse, avec des pratiquants de moins en moins nombreux, l’apparition de cette nouvelle manifestation est aussi un moyen de remettre en avant le mouvement catholique.

Selon l’enseignant-chercheur, il ne faut pas y voir uniquement une montée des traditionalistes.On sait aujourd’hui qu’en France, dans toutes les religions, que ce soit l’islam, le judaïsme ou le christianisme, c’est la branche la plus orthodoxe et la plus attachée aux traditions qui est la plus dynamique.

Charles Mercier Professeur en histoire contemporaine à l’université de Bordeaux.

Un phénomène qu’explique l’historien : « Cela correspond sans doute à un besoin de réenracinement, de cadre, de réaffirmation dans un contexte où chacune des religions devient minoritaire. Il ne faut pas oublier que le catholicisme, il y a encore cinquante ans, était extrêmement majoritaire. Aujourd’hui, il a beaucoup perdu en surface. Donc la mise en avant des traditions est un moyen de rester visible.

C’est un moyen de se réenraciner dans une histoire pour essayer de ne pas disparaître et continuer à être présent dans l’espace public. »De là à y voir une menace pour la laïcité, là encore, le spécialiste tempère : « La laïcité, on a souvent tendance à considérer que c’est la neutralisation de l’espace public, comme si la religion devait être cantonnée à l’espace privé. En réalité, la laïcité c’est la neutralité de l’Etat et de ses agents.

La laïcité est menacée quand les mairies, les pouvoirs publics, donnent une préférence à une religion par rapport à une autre ou empêchent la liberté religieuse. Ici, tant qu’il n’y a pas de prosélytisme, tant que ces personnes qui se rassemblent n’interdisent pas à d’autres personnes de fêter Halloween ou de ne pas fêter la Toussaint comme ils la fêtent, il n’y a pas de remise ne cause du modèle français laïcité. »Pour en savoir plus, Charles Mercier vient de publier avec Philippe Portier, un ouvrage intitulé « Les jeunes et leur laïcité » aux éditions Sciences Po.

Article réalisé avec E. Granger et L. Broquerie.

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