C’est la première école du genre à avoir vu le jour en Syrie: une école de conseil en relation d’aide chrétienne répond aux besoins d’une population désespérée.
Le besoin d’aide psychologique et spirituelle est ressenti dans toute la Syrie. Pour y répondre, Portes Ouvertes a créé en 2021, avec l’aide de ses partenaires locaux, une école de conseil, la première de son genre dans le pays. Elle propose une formation de 2 ans pour devenir conseiller en relation d’aide dans les églises et dans la société.
Une approche psychologique et spirituelle
Judy, une chrétienne syrienne engagée, est l’une des animatrices de la formation et sa mère, Ruba, l’une des participantes. «Je travaille avec les personnes déplacées de notre église», explique Ruba. Ce travail est l’une des nombreuses facettes des activités du Centre d’Espoir. «Je m’appuyais surtout sur mon expérience pour les aider. Mais l’année dernière, j’ai suivi une formation. Au programme il y avait entre autres de la relation d’aide et j’ai ressenti le besoin d’approfondir le sujet.» Elle précise:
«Les personnes ont besoin d’une approche spirituelle. Mais aussi d’une approche basée sur la psychologie.»
Quant à Judy, elle a ressenti son appel à devenir conseillère en travaillant parmi les adolescents de l’église: «L’un d’eux, une fille, a raconté un jour comment des gens avaient tué sa grand-mère sous ses yeux. J’ai essayé de l’aider… Si j’avais eu à l’époque des connaissances en relation d’aide, l’impact sur elle aurait été plus important», constate-t-elle aujourd’hui.
D’énormes besoins
Le besoin de conseils en Syrie est énorme. «Les gens sont tristes. Ils n’ont aucun espoir. Ils ont peur. Ils disent qu’ils veulent partir ou mourir», explique Ruba. Les membres des églises ont essayé d’aider leur prochain avec toute leur bonne volonté, mais… «Dans certaines situations, nous avons commis des erreurs par manque de connaissance, dit Ruba. Je me souviens d’une femme qui avait récemment divorcé. À l’époque, je lui ai conseillé de retourner auprès de son mari, de lui pardonner, d’oublier ses erreurs, sans vraiment respecter ses sentiments et la situation dans laquelle elle se trouvait. D’une certaine manière, j’ai fait un choix pour elle.» Ruba reconnaît aujourd’hui qu’elle n’a pas su aider cette femme. Elle a déjà tiré de précieux enseignements de son début de formation en 2021. Elle souligne:
«Ce qui est important, c’est de marcher avec les personnes, étape par étape, peu importe le temps que cela prendra.»
Elle poursuit: «Ensuite, il ne faut pas que les personnes prennent des décisions en fonction de mon opinion. Je crois toujours à la base spirituelle du conseil. Mais nous devons aussi apprendre à utiliser nos compétences scientifiques dans le Centre d’Espoir», explique-t-elle.
«Nous voyons Dieu faire des miracles!»
Les participants de l’école de conseil sont issus de toutes les confessions chrétiennes et de tout le pays. «Nous avons tous traversé des épreuves. Cette école nous a unis pour le besoin du Corps du Christ», se réjouit Ruba, qui précise:
«Il est rare en Syrie de marcher ainsi ensemble au-delà des frontières ecclésiales.»
Judy et sa mère sont déterminées à continuer à servir l’Église et leur pays. Ruba déclare: «Au début de la guerre, j’aurais pu quitter le pays. Mais j’ai refusé. J’aime la Syrie, je voulais élever mes enfants ici et je voulais, en tant que chrétienne, être une bénédiction pour notre pays. Nous voyons Dieu faire des miracles; des personnes sont sauvées!», s’enthousiasme-t-elle.
P.O