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Pour Mark Dion, son soutien “prétentieux” à la rupture de liens entre des entreprises et Israël a “trahi la confiance que le peuple juif était en droit d’attendre” de ses services

 Le mois dernier, le maire de Portland, dans le Maine, a choqué les communautés juives américaines des environs et d’ailleurs en apportant son soutien plein et entier au vote d’une résolution du conseil municipal ayant pour objet de mettre un terme aux liens entretenus entre la mairie et des entreprises liées à Israël.

Aujourd’hui, le maire Mark Dion fait amende honorable.

« Après mûre réflexion et de nombreux échanges avec nos concitoyens juifs, je suis arrivé à la conclusion que mon vote en faveur du désinvestissement était une erreur », a déclaré Dion lors d’une allocution délivrée lors de la réunion du conseil municipal lundi.

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Il a poursuivi en qualifiant sa position sur le désinvestissement de « prétentieuse », de « grave erreur de jugement » et de « trahison de la confiance que les Juifs étaient en droit d’attendre de la part des services du maire ». M. Dion a conclu son propos en présentant ce qu’il a qualifié d’ « excuses sincères » suite à son vote.

Cette volte-face illustre la vigueur de la bataille qui fait rage autour de la question du désinvestissement, laquelle a connu un fort regain depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas suite aux attaques du groupe terroriste le 7 octobre 2023. Nombre d’universités sont très divisées sur ces questions, tout comme un grand nombre de pouvoirs locaux.

Depuis le 7 octobre 2023, Portland est la quatrième ville américaine – et aussi la plus célèbre – à soutenir le désinvestissement : en septembre dernier, elle a voté à l’unanimité le projet de retrait des fonds de la ville de plusieurs dizaines d’entreprises qualifiées par elle de « complices de la crise humanitaire à Gaza et de l’occupation de la Palestine ».

Selon les partisans du désinvestissement, cette décision est nécessaire pour mettre un frein aux représailles israéliennes à Gaza qui ont d’ores et déjà fait des dizaines de milliers de morts et réduit la plus grande partie de l’enclave en tas de ruines.

Le vote a eu lieu malgré l’opposition formelle de nombreux membres de la communauté juive locale, dont l’Alliance de la communauté juive du sud du Maine qui a qualifié cette décision de « geste unilatéral » et « performatif ». Des militants juifs pro-palestiniens des environs ont apporté leur soutien à cette motion et la section du Maine du groupe antisioniste Jewish Voice for Peace s’est réjouie de son adoption.

Au moment du vote, le maire s’était donc rangé du côté du désinvestissement, qualifié par lui de « preuve d’amitié ultime », et avait déclaré que c’était le rôle de la ville de « taper dans le dos [d’Israël] et de lui dire : « Ça suffit. Tu en as assez fait ».

Les rues du centre-ville de Portland, dans le Maine, le 26 octobre 2023. (Scott Eisen/Getty Images Amérique du Nord via AFP)

Mais les autorités locales se sont aperçues, à leur grande surprise, que cette mesure était purement symbolique. Quelques semaines après son adoption, les membres du conseil municipal de Portland ont déclaré que la ville n’avait jamais investi dans les dizaines d’entreprises figurant sur sa liste de cibles de désinvestissement et qu’ « aucun désinvestissement n’était à faire » en exécution de cette résolution.

(Lorsque la résolution a été proposée au vote, la première fois, il y a de cela plusieurs mois, expliquent les autorités de la ville, Portland détenait des actions dans une entreprise technologique qui vend à Israël une solution de contrôle déployée aux points de contrôle militaires mais elle les a cédées avant le vote de la résolution.)

Dion et certains membres du conseil municipal ont déclaré au Portland Press Herald que cette nouvelle les avait surpris et qu’ils croyaient, au moment du vote de la résolution, que Portland avait davantage investi dans des entreprises en lien avec Israël.

« Je pense, après réflexion, que tout ceci n’a fait que répandre la division et l’anxiété au sein de la communauté », estime Kate Sykes, une membre du conseil qui a elle aussi soutenu le vote en faveur du désinvestissement.

La fédération juive locale, qui vient de nommer son premier directeur général permanent, s’est réjoui des excuses présentées par le maire.

« Dans sa déclaration, le maire Dion admet que la résolution, qu’il qualifie aujourd’hui d’erreur, n’a servi qu’à marginaliser la communauté juive de Portland – en particulier ceux qui considèrent Israël comme la patrie du peuple juif », a écrit l’Alliance de la communauté juive du sud du Maine dans un communiqué transmis à la Jewish Telegraphic Agency.

« Nous apprécions l’honnêteté avec laquelle il a reconnu le tort que cela a causé et la difficulté de traiter de ces questions complexes sur le plan local. »

Dans ses excuses, Dion s’est fait l’écho de critiques déjà anciennes exprimées par les communautés juives envers le désinvestissement, et notamment le fait qu’un pouvoir local n’avait pas à s’impliquer dans des questions internationales. Il est allé plus loin en affirmant que son soutien à cette mesure avait mis à mal des relations « qui, peut-être, ne s’en remettraient jamais ».

Il a conclu : « Non seulement je ne suis pas resté dans ma voie, mais j’ai fait une sortie de route. »

T.O.I

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