Durant plus de soixante ans, Godot fut attendu. À présent, nous l’avons vu et rencontré. Yrouflé dans une représentation de l’œuvre « En rencontrant Godot » de Tiburce Koffi nous le montre en le sortant de son silence mystérieux, inexpliqué et énigmatique. Cette pièce empreinte d’humour, de colère, de rage représente bien plus qu’un simple hommage à Samuel Beckett et au théâtre de l’absurde. Yrouflé nous amènent à repenser le monde. « À travers l’humour et l’expressivité des mots, Vladimir et Estragon au milieux de nulle part attendent un certain Godot. Pour passer le temps, ils dialoguent avec joie, fraternité, absurdité, délire. Sur une route indécise, il ne se passent rien. Finalement apparait Godot. Qui est-il ? Que fait-il ? Pourquoi l’attendent-ils ? Qu’espèrent Vladimir et Estragon ? « En rencontrant Godot » est un foisonnement de mystères et d’interrogations. L’auteur Tiburce Koffi y prend le contre-pied de Samuel Beckett et de son ouvrage « En attendant Godot » écrite en 1948 et publiée en 1952. Même si les similitudes sont grandes et sautent à l’œil, la venue de Godot est une lueur d’espoir que donne l’auteur ivoirien.
La première représentation de la pièce de Samuel Beckett remonte au 05 janvier 1953. La première Tiburce Koffi s’est faite le 03 novembre à la salle Niangoran Porquet. Le public venu nombreux n’a pas boudé son plaisir. Au regard de la trame une interrogation survient : L’homme attend quoi ? les réponses sont multiples et diverses…Jésus, le paradis, l’amour, le travail, la mort. L’homme a mille raisons d’attendre. L’humanité tout entière attend. » En rencontrant Godot » aborde avec virulence les problèmes sociaux et politiques.
“Les dirigeants en Afrique n’apportent rien…ne font rien et le peuple est dans l’attente de lendemains meilleurs. Godot symbolise l’humanité, la joie mais aussi la détresse…je crie ma détresse, ma fureur à travers l’ouvrage parce que je suis blessé.” répond l’auteur qu’on demandait de s’expliquer.
A la question de Mr Doua Marcel, fondateur de Yeshu’arts (un des partenaires de l’évènement) :” Je suis chrétien…Jésus est-il un leurre au regard des nombreuses référence faite à lui dans la pièce ? La venue du Christ est-elle utopique pour vous? L’auteur sera clair et sans ambages, il affirme : « Jésus a apporté un message d’espoir universel, un message pour sauver le monde. Jésus c’est l’Esperance en un monde plein de tumulte et de mensonge et de démagogie. Jésus c’est le contraire de nos dirigeants assoiffé de pouvoir. »
Pour le reste, les voies de Tiburce Koffi sont impénétrables. Tout en dérangeant, il interroge. Chacun se doit de chercher en soi la résolution des mystères de cette œuvre monumentale.
Yrouflé, qui a pour objectif de repositionner le théâtre en côte d’ivoire a su donner une représentation particulière à cette œuvre. Moïse-Mary Koffi, et ses amis (Certain Kouassi, Pi Sauveur, Zéphirin Nomel et Tanoe Bléoué Jonas) ont rendu à la perfection cette œuvre de 120 pages qui est un écho à la célèbre « En attendant Godot ». Classé à la 12eme place des 100 meilleurs livres du XXe siècle l’œuvre de Beckett traverse le temps et les générations. Sans nul doute qu’« En rencontrant Godot » s’inscrira dans cette même trajectoire au regard de sa pertinence. Soulignons que cette représentation de Yrouflé a réuni plus de 300 personnes dont les professionnels des arts du spectacles ivoiriens.