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Jozeph Paul Zhang, chrétien indonésien, réalise des vidéos consacrées à sa foi chrétienne, qui remportent un grand succès dans son pays. Dans plusieurs d’entre elles, il s’en prend à l’islam, ce qui provoque des réactions de musulmans, énervés par son ton polémique.

Avec son visage rond et souriant, Jozeph Paul Zhang, youtubeur indonésien d’origine chinoise, détonne probablement au milieu des autres personnes qui composent la liste des « personnes recherchées par la Police indonésienne ». Son cas n’a pourtant rien d’amusant : il est soupçonné de blasphème, une faute pour laquelle il encourt cinq ans de prison selon la loi de son pays. Le vice-président de la République d’Indonésie Ma’ruf Amin, le ministre des religions et les dirigeants de deux grandes organisations musulmanes (Majelis Ulama Indonesia et Nahdlatul Ulama), demandent conjointement à ce qu’Interpol soit saisi pour qu’il soit jeté en prison. 

La provocation de trop

Il lui est reproché en particulier une vidéo dans laquelle il disait : « Si Mohammed dit qu’il est le 25e prophète et Jésus le 24e, si Mohamed peut juger Jésus et jeter le discrédit sur les Évangiles, je peux, à mon tour, dire que je suis le 26e prophète et jeter le discrédit sur le message de Mohammed ». Une phrase qui met en cause « le Prophète », autrement dit, une véritable déclaration de guerre aux oreilles des musulmans. Dans des vidéos précédente, Jozeph Paul Zhang avait déjà critiqué l’extension du Ramadan, qui obligeait par exemple les commerces alimentaires appartenant aux minorités religieuses à fermer leurs portes pendant le mois du jeûne. Il avait aussi appelé les musulmans à la conversion, affirmant qu’il aidait beaucoup d’entre eux à se faire baptiser. En raison de ses vidéos, il est menacé physiquement et vit en dehors d’Indonésie depuis 2018.

Attaques frontales

« La démarche de Jozeph Paul Zhang, de convertir les musulmans sans respecter leur foi ou leur croyance me semble indéfendable, incompatible avec les valeurs évangéliques », avertit un prêtre catholique indonésien. « La religion est un sujet très sensible en Indonésie, et il sait qu’en parlant de la sorte, il provoque son auditoire musulman. Bien sûr, cela ne justifie pas la violence qui lui est promise. »

Je devrais me taire par peur. Mais je suis fatigué d’avoir peur.

De son côté Jozeph Paul Zhang se défend de verser dans la provocation gratuite. « Je mets simplement les musulmans en face de leurs contradictions », explique-t-il depuis son exil. Lorsque dans une vidéo, il accuse par exemple le Prophète Mohamed d’adultère, car il a eu plusieurs épouses, il le fait selon les standards chrétiens, qui condamnent la polygamie. « En fait, je suis blasphémateur aussitôt que j’annonce ma foi chrétienne. Je devrais me taire par peur. Mais je suis fatigué d’avoir peur. » Il dénonce la mainmise des musulmans radicaux sur la société depuis 1998, et la fin du régime du président Soeharto. Depuis 1998, la pression sur les minorités n’a cessé de s’accentuer. Des églises ont été brûlées, des permis de construire refusés, des cérémonies religieuses interrompues.

Deux poids deux mesures

Concernant ses vidéos, il s’étonne que la loi contre le blasphème n’ait jamais été appliquée à l’encontre des prédicateurs musulmans qui se montrent très violents à l’égard des chrétiens. Yahya Waloni et Ustadz Abdul Somad, en particulier. Ce dernier avait affirmé que la croix du Christ était démoniaque, sans recevoir de sanction. Pour la défense de l’État indonésien, il faut préciser que les Églises évitent de porter plainte, pour ne pas aggraver la tension, mais cette situation en dit long sur le pouvoir de nuisance des extrémistes du pays.

Dans le même temps des chrétiens comme Saifudin Ibrahim ou Apolinaris Dharmawan ont été condamnés à 2 et 5 ans de prison en raison de leurs propos jugés blasphématoires. De même, l’ancien gouverneur de Jakarta, le chrétien Basuki Tjahaja Purnama, a été emprisonné « pour blasphème », fort opportunément pour ses adversaires politiques musulmans.

Quelles que soient les réserves que l’on puisse émettre à l’encontre du ton volontairement provocateur de Jozeph Paul Zhang, il pointe la situation délétère de son pays à l’égard de la liberté d’expression.

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