Achevée dimanche 4 juin, la 123e Assemblée plénière des évêques de Côte d’Ivoire, a vu l’élection d’un nouveau président de la conférence épiscopale (Cecci) : Mgr Marcellin Yao Kouadio, évêque de Daloa.
Dès la messe de clôture, le nouveau président de la Cecci a donné à entendre le « franc-parler » pour lequel il est connu.
L’assemblée plénière des évêques ivoiriens s’est achevée dimanche 4 juin avec l’élection d’un nouveau président à la tête de la conférence épiscopale (Cecci) : Mgr Marcellin Yao Kouadio, évêque de Daloa, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Le vice-président sera Mgr Bruno Essoh Yedoh, évêque de Bondoukou (est).
En plus de la gestion des affaires de l’Église, le nouveau président de la Cecci, âgé de 63 ans, devra conduire cette institution dans un contexte général sensible et dans une société ivoirienne fortement polarisée par la politique. Dans son homélie de la messe de clôture, il l’a fait avec son franc-parler habituel. Il a fustigé « la corruption généralisée, le tribalisme, la justice sélective… » qu’il constate en Côte d’Ivoire, dénonçant en outre un « développement effectué en morceau choisi, en reconnaissance au militant docile, où en représailles aux localités insoumises ».
« Démocratie armée »
Sur le plan politique, Mgr Marcellin Kouadio, plusieurs fois ovationné par les fidèles pendant son homélie, a dénoncé « une démocratie armée » et « le jeu trouble de la classe politique en grande amitié hier, divisé aujourd’hui », dont « l’appel à la paix et à la réconciliation n’a jamais été sincère parce que la plupart du temps ceux qui nous parlent de paix se promènent en gilets anti-balles ».
La tension politique, palpable en Côte d’Ivoire après la radiation de l’ex-président Laurent Gbagbo de la liste électorale, s’est invitée au menu de la plénière de la Cecci, au-delà de l’homélie du nouveau président. L’assemblée a en effet été l’occasion pour les évêques de lancer un appel à des élections inclusives, paisibles et libres, transparentes et justes, crédibles et acceptées par tous. « Pour cela, les institutions qui ont en charge le processus électoral doivent gagner la confiance des Ivoiriens en démontrant leur préparation et leur capacité à organiser les futures élections, insistent-ils. De même, nous implorons tous les acteurs en charge des institutions électorales et judiciaires d’agir avec honneur, intégrité et honnêteté, en dispensant une véritable justice ».
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Comme en juin 2019, dans le diocèse d’Agboville, la Cecci a en outre publié un message intitulé « la paix, notre bien commun à préserver » dans lequel elle reprend certaines de ses interpellations au peuple, à la jeunesse, aux politiques et aux guides religieux. « L’amour pour notre patrie et le respect de la mémoire de nos compatriotes morts au cours des crises successives que notre pays a connues nous obligent à tout mettre en œuvre pour nous éviter une autre guerre », exhorte-t-elle dans ce message où elle les invite à « œuvrer ensemble pour la paix. »
« L’Occident décadent »
Le franc-parler du nouveau président de la Cecci s’est également exprimé sur un autre sujet dans son homélie de la messe de clôture. « L’immoralité est exportée à travers l’homosexualité », a-t-il asséné, estimant qu’« on parle de LGBT comme s’il s’agissait d’une société immobilière ; on parle de zoophilie, de légalisation de l’avortement, d’euthanasie, de la pratique de la peine de mort… ». Dans des mots très durs, il a fustigé « l’Occident décadent (qui) veut continuer à dominer et moraliser le monde particulièrement notre Afrique, au plan politique, économique, culturel, social, au niveau des médias et même au plan religieux ».
Ces mots faisaient écho à ceux prononcés par le prédécesseur de Mgr Marcellin Kouadio à la tête de la Cecci lors de la messe d’ouverture. « Les populations lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre ont besoin d’être guéries et non d’être présentées comme un canon de comportement à incarner », avait alors assuré Mgr Ignace Bessi, le président sortant. Le thème a même été repris dans le communiqué final de la plénière, assurant néanmoins que « l’Église reste ouverte à tous ses filles et fils pour les accompagner ».