Les représentants des communautés autochtones du Canada devaient se rendre au Vatican du 17 au 20 décembre prochain et s’entretenir avec le Pape François. Cette rencontre pastorale a été reportée au printemps 2022 en raison de la pandémie de coronavirus. Elle a été largement évoquée lors de l’entretien de ce jeudi avec le Pape et le processus de guérison se poursuit, indique Mgr Poisson, qui se dit très heureux du chemin parcouru. «Nous sommes en train de construire ensemble cette confiance les uns envers les autres», souligne t-il.
Le président de la Conférence des évêques du Canada a échangé avec le Saint-Père juste avant la journée de prière en solidarité avec les peuples autochtones, souhaitée par l’Église du Canada, ce 12 décembre, en la fête de Notre-Dame de Guadalupe. Elle a été placée sous le signe de la guérison, du pardon et de la réconciliation. Les attentes dans ce domaine concernent plusieurs volets, précise Mgr Poisson qui observe «un désir de clarification de la part de l’ensemble de la population».
Un besoin de pardon et de clarification
«Il y a tout d’abord la question des excuses. Elles ont été présentées en septembre dernier» face à la souffrance vécue dans les pensionnats, dont certains étaient gérés par l’Église catholique, «qui avaient pour but une assimilation culturelle». Il y a également une attente concernant les investissements dans des projets. «Nous avons engagé de manière formelle une somme de 30 millions de dollars pour réaliser, avec les peuples autochtones, des projets de développement culturel, linguistique et au niveau des valeurs et des mémoriaux».
Le troisième volet concerne le souhait de clarifier cette période historique. «Il y a des dossiers qui sont entre les mains de l’État, d’autres dans celles des communautés religieuses qui géraient “des écoles résidentielles”. Il faut donc mettre ces dossiers sur la table pour faire la lumière», affirme l’évêque de Saint-Jérôme et de Mont-Laurier qui rappelle que la découverte en 2021 de sépultures d’enfants ayant vécu dans des pensionnats catholiques «avait soulevé une vive émotion dans le cœur de toute la population, en particulier des autochtones».
Surmonter des années d’ignorance mutuelle
Après ces tragiques découvertes, le Pape François avait réagi, en juin dernier, évoquant une «nouvelle choquante». Le Saint-Père avait alors invité «les fils et filles du Canada» à la réconciliation, au dialogue et au respect mutuel, appelant à rejeter toute «colonisation idéologique». Il y a bien une réelle volonté de connaissance mutuelle, relève Mgr Poisson, «avec cette difficulté qu’il y a des années d’ignorance mutuelle qu’il faut surmonter».
Toutefois, «de nombreuses initiatives voient le jour de part et d’autre et notamment beaucoup d’éléments culturels de la langue et des traditions des peuples autochtones qui sont intégrés à des liturgies très locales». «C’est tout à fait bénéfique», conclut le président de la Conférence des évêques du Canada, en exhortant à «ouvrir des portes».
Vatican News