En Biélorussie, pays qui n’est pourtant pas associé à la persécution des chrétiens, un pasteur dont l’église a été expulsée de son bâtiment est menacé de poursuites pénales.
Le 14 juillet, Vyacheslav Goncharenko, le pasteur de l’église New Life Church, une église pentecôtiste de Minsk (Biélorussie) a été convoqué par le parlement. Il lui a été intimé d’arrêter les «rassemblements illégaux» sous peine de poursuites pénales. Ces menaces ont été réitérées dans 2 courriers officiels émanant l’un de la municipalité de Minsk, l’autre du district.
4 ans de prison?
D’après une loi entrée en vigueur en juin 2021, aucun rassemblement ne peut se tenir sans la permission préalable des autorités locales. Participer ou organiser des manifestations ou des rassemblements sans permission est passible d’une peine allant jusqu’à 4 ans de prison.
Le pasteur veut continuer les cultes même s’il reconnait que c’est risqué: «Les autorités peuvent effectivement aller jusqu’à entamer une procédure pénale, confie-t-il. Elles nous ont bien expulsé de notre bâtiment sans aucune compensation. Elles exigent même de nous les taxes foncières et d’habitation depuis 2002 alors que les organisations religieuses en sont normalement exemptées.»
Un bâtiment convoité
L’Église New Life Church a en effet été expulsée de son lieu de culte le 17 février 2021. Depuis, l’assemblée se réunit sur le parking du bâtiment, au grand dam des autorités locales. Mais le conflit remonte à la création de l’église en 2002. Les paroissiens avaient acheté à l’époque une ancienne étable. Ils l’ont transformée par la suite en un bâtiment moderne et fonctionnel que les autorités aimeraient s’approprier. Celles-ci ont longtemps refusé de changer le statut administratif du bâtiment d’étable en lieu de culte. Elles ont essayé d’en expulser les chrétiens à plusieurs reprises, jusqu’en février 2021 où elles ont effectivement réussi.
Pourquoi une telle hostilité?
Même si les paroissiens n’ont pas obtenu de motif d’expulsion, ils pensent qu’elle est liée à une vidéo qu’ils ont mise en ligne en novembre 2020. Il s’agissait d’un soutien aux manifestations anti-gouvernementales qui ont suivi l’élection présidentielle du 9 août 2020.
La Biélorussie n’avait jusqu’ici pas trop fait parler d’elle en tant que pays persécuteur des chrétiens. Mais dans ce pays où l’immense majorité de la population est orthodoxe, les activités des autres dénominations ne sont pas bien accueillies. De tous les chrétiens du Belarus, les protestants sont ceux qui connaissent le plus de difficultés à cause de leur foi. Ceci en raison de leur engagement dans l’évangélisation et parce qu’ils sont considérés comme une religion étrangère. Un concordat de 2003 entre le gouvernement et l’Église orthodoxe biélorusse appelle d’ailleurs le gouvernement et l’Église à combattre les «structures pseudo-religieuses qui présentent un danger pour les individus et la société.»
Source: Forum18