Lorsque le jeune Moody pleurait, ébranlé par la puissance d’en haut, lors d’un message du jeune Spurgeon, il fut poussé à s’exclamer: ” Si Dieu peut se servir de Spurgeon, Il peut se servir de moi aussi! “
Cela se passa lors d’une célèbre campagne d’évangélisation de Moody et Sankey. La soirée du lundi avait été prévue pour un message qui s’adressait aux matérialistes. Charles Bradlaugh, champion du scepticisme, qui se trouvait alors au sommet de sa gloire, avait ordonné à tous les membres des clubs qu’il avait fondés d’assister à la réunion. Ainsi, près de cinq mille hommes, résolus à dominer le culte, entrèrent et occupèrent tous les bancs.
Moody prêcha sur le texte suivant: ” Car leur rocher n’est pas comme notre Rocher, nos ennemis en sont juges ” (Deutéronome 32:31). Rapportant une série d’incidents pertinents et émouvants de ses expériences avec des personnes sur leur lit de mort, Moody laissa aux hommes le soin de décider par eux-mêmes qui avait une meilleure fondation sur laquelle baser sa foi et son espérance. A leur corps défendant, de nombreuses personnes avaient les larmes aux yeux. La grande masse des hommes, dont le visage portait la détermination et le défi qu’ils lançaient à Dieu, affronta l’attaque répétée aux points les plus vulnérables, c’est-à-dire, le cœur et le foyer.
En conclusion, Moody dit: ” Levons-nous pour chanter: oh, venez, vous les affligés et pendant que nous chanterons, les portiers ouvriront toutes grandes les portes pour que ceux qui désirent sortir puissent le faire. Nous continuerons ensuite le culte comme d’habitude, pour ceux qui veulent accepter le Sauveur. ” L’un de ceux qui avaient assisté à ce culte dit: ” J’espérais que tous allaient sortir aussitôt, laissant la salle vide. Mais la grande masse des cinq mille hommes se leva, chanta puis se rassit; aucun d’entre eux ne quitta sa place!”
Moody dit alors: “Je désire expliquer quatre mots : recevez, croyez, ayez confiance et acceptez le Seigneur. ” Un large sourire apparut sur cette mer de visages. Après avoir parlé quelques instants sur la Parole reçue, Moody lança un appel : ” Qui veut la recevoir? Il suffit de dire : je le veux. ” Une cinquantaine de personnes qui se trouvaient debout le long des murs répondirent: ” Je le veux “, mais aucun de ceux qui étaient assis n’éleva la voix. Un homme s’exclama: “Je ne peux pas”, et Moody lui répondit: ” Tu parles bien et avec raison, ami. Tu as bien fait de t’exprimer ainsi. Ecoute et ensuite tu pourras dire : je peux. ” Moody expliqua alors le sens du mot “croire ” et lança son second appel : ” Qui dira : je veux croire en lui? ” A nouveau, quelques-uns de ceux qui étaient debout répondirent; mais un chef de l’un des clubs s’écria : ” Moi je ne veux pas. ” Alors Moody, submergé de tendresse et de compassion, répondit d’une voix brisée : ” Tous ceux qui sont ici ce soir doivent dire : je veux ou je ne veux pas. “
Moody rappela alors à l’auditoire l’histoire du fils prodigue et dit: ” La bataille porte sur le fait de vouloir et uniquement sur cela. C’est au moment où il dit : “Je me lèverai” que le fils prodigue gagna la bataille, parce que c’est alors qu’il prit l’ascendant sur sa propre volonté. C’est de cela que tout dépend aujourd’hui. Messieurs, vous avez au milieu de vous votre propre champion, l’ami qui a dit : moi je ne veux pas. Je désire que tous ceux qui croient que ce champion a raison se lèvent, suivent son exemple et disent : moi, je ne veux pas. ” Personne ne dit rien et il y eut un grand silence jusqu’à ce qu’enfin, Moody le brise pour dire: ” Grâce à Dieu! Personne n’a dit : je ne veux pas. Et maintenant, qui va dire : je veux? ” Alors, il semble que le Saint-Esprit fondit soudain sur ce grand auditoire d’ennemis de Jésus-Christ et près de cinq cents hommes se levèrent, les joues ruisselantes de larmes et s’écrièrent: “Je veux! je veux! “. Ils crièrent jusqu’à ce que l’ambiance fût transformée.
La bataille était gagnée.
Le culte se termina sans plus attendre, afin que l’œuvre puisse commencer parmi ceux qui désiraient recevoir leur salut. En l’affaire de huit jours, près de deux mille personnes passèrent des rangs des ennemis dans ceux de l’armée du Seigneur, par la soumission de leur propre volonté. Les années qui suivirent apportèrent la preuve de la solidité de l’œuvre accomplie car les clubs ne s’en remirent jamais. Dieu, dans sa miséricorde et par sa puissance, les réduisit à néant par son Evangile.
En tout, cinq cent mille âmes précieuses gagnées au Christ, c’est là la récolte que Dieu fit par l’intermédiaire de son humble serviteur, Dwight Moody. R. A. Torrey, qui le connut intimement, le considérait avec raison comme le plus grand homme du XIXe siècle, c’est-à-dire l’homme dont Dieu s’était le plus servi pour gagner des âmes.
Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après sa mort, les croyants se réfèrent à son nom plus qu’à tout autre depuis l’époque des apôtres.
Que personne ne pense, cependant que D. L. Moody fut grand en lui-même ou qu’il eut des occasions que les autres n’avaient pas. Ses ancêtres étaient de simples paysans, qui vécurent pendant sept générations, soit environ deux cents ans, dans la vallée du Connecticut, aux Etats-Unis. Dwight naquit le 5 février 1837, de parents pauvres, le sixième d’une famille de neuf enfants. Il était encore très jeune à la mort de son père, lorsque les créanciers s’emparèrent de tout ce que possédait la famille, jusqu’au bois qui servait à chauffer la maison par temps de grand froid. L’histoire des années de lutte de la mère de Moody est des plus émouvantes et des plus dignes d’inspiration. Quelques mois après la mort de son mari, elle mit au monde des jumeaux, alors que l’aîné n’avait que douze ans. La famille lui conseilla alors de confier ses enfants à d’autres qui les élèveraient à sa place. Mais avec un courage invincible et un dévouement profond envers ses enfants, elle réussit à élever les neuf enfants dans son propre foyer. On a conservé, comme un précieux trésor, sa Bible dans laquelle les paroles de Jérémie 49:11 était soulignées: ” Laisse tes orphelins, je les ferai vivre, et que tes veuves se confient en moi”.
Que peut-on attendre d’enfants qui ont grandi auprès de leur mère, si ce n’est qu’ils deviennent des hommes et des femmes attachés au même Dieu qu’elle? Ainsi s’exprima Dwight, près du cercueil de sa mère, lorsque celle-ci mourut à l’âge de quatre-vingt dix ans: ” Si je parviens à dominer mon émotion, je voudrais dire quelques mots. C’est un grand honneur que d’avoir été le fils d’une telle mère. J’ai beaucoup voyagé, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme elle. Elle était toujours si proche de ses enfants que c’était un grand sacrifice pour chacun de nous de nous éloigner du foyer.
” Pendant la première année après la mort de mon père, elle s’endormait tous les soirs en pleurant. Et pourtant, elle était toujours gaie et animée en présence de ses enfants. Ses regrets lui servaient à se rapprocher de Dieu […] Maintes fois je me réveillais pour la trouver en train de prier ou parfois de pleurer. Je ne peux exprimer la moitié de ce que je voudrais dire. Combien j’aime ce visage! Pendant cinquante ans, je n’ai pas eu de plus grande joie que de revenir chez moi. Sur le chemin de retour, alors que je me trouvais encore à soixante-quinze kilomètres, je me sentais si anxieux et pressé d’arriver, que je me levais et faisais les cent pas dans le wagon, jusqu’à l’entrée du train en gare […] Si j’arrivais la nuit, je cherchais toujours à distinguer la lumière de la fenêtre de ma mère. Je suis si heureux d’avoir pu arriver cette fois-ci à temps pour qu’elle me reconnaisse. Je lui ai demandé : Mère, tu me reconnais? et elle m’a répondu : Allons! comme si je pouvais ne pas te reconnaître!
” Voici sa Bible, si usée, parce que c’est la Bible du foyer; tout ce qu’elle avait de bon, lui était venu de ce Livre et c’est de lui qu’elle tira ce qu’elle nous apprit. Si ma mère fut une bénédiction pour le monde, c’est parce qu’elle buvait à cette fontaine. La lumière de la veuve Moody brilla dans cette maison sur la colline pendant cinquante ans. Que Dieu te bénisse, mère; combien nous t’aimons! Au revoir, à très bientôt, mère! “
Quand on voit la réussite de Dwight L. Moody, on se voit obligé d’ajouter : Qui peut prévoir l’avenir que connaîtra un enfant élevé dans un foyer où les parents aiment sincèrement le Père céleste, au point de demander chaque jour à tous les enfants d’écouter la voix de Dieu par la lecture de la Bible et de s’adresser à lui avec respect par la prière?
Tous les enfants de la veuve Moody assistaient aux cultes le dimanche; ils apportaient un casse-croûte pour pouvoir passer la journée entière à l’église. Ils devaient écouter deux longs sermons et assister entre temps à l’école du dimanche. Dwight, après avoir travaillé toute la semaine, trouvait que sa mère exigeait trop en l’obligeant à assister aux sermons qu’il ne comprenait pas. Mais finalement, il en vint à être reconnaissant à cette bonne mère de sa consécration aux choses du Seigneur.
Lorsqu’il eut dix-sept ans, Moody quitta la maison pour aller travailler à Boston, où il trouva à s’employer dans la cordonnerie de l’un des ses oncles. Il continua à assister aux cultes, mais il n’était pas encore sauvé. Que ceux qui se consacrent à la tâche de gagner des âmes le notent bien : ce ne fut pas lors d’un culte que Dwight Moody fut amené au Sauveur. Son moniteur d’école du dimanche, Edward Kimball, raconte:
” Je résolus de lui parler du Christ et de son âme. J’hésitai un peu avant d’entrer dans la cordonnerie, car je ne voulais par déranger le jeune garçon pendant les heures de travail […] Je finis par entrer, décidé à lui parler sans plus attendre. Je trouvai Moody dans le fond de la boutique en train d’envelopper des chaussures. Je m’approchai de lui aussitôt, lui mis la main sur l’épaule et lui adressai ce qui me parut par la suite un bien piètre discours, une invitation à accepter le Christ. Je ne me souviens pas de ce que je lui dis ensuite, et Moody lui-même, quelques années plus tard, ne pouvait s’en souvenir. Je lui parlai simplement de l’amour du Christ pour lui et de l’amour que le Christ attendait de lui en retour. Il me semblait que le jeune garçon était prêt à recevoir la lumière qui l’illumina à cet instant, et c’est là, dans le fond de la cordonnerie qu’il s’abandonna au Christ. “
Dans l’histoire du christianisme, à travers les siècles, il n’y eut aucun croyant qui ne fut, pour ce qui est du zèle, moins réticent, et en esprit, plus fervent à servir le Seigneur, depuis sa conversion jusqu’au jour de sa mort, que Moody de Northfield. D’innombrables fois par la suite, Monsieur Kimball rendit grâces à Dieu de ce qu’il n’avait pas désobéi à la vision céleste! Que se serait-il passé s’il n’avait pas parlé au jeune homme ce matin-là dans la cordonnerie?
A l’époque, c’était la coutume pour les églises de louer les places. Moody, aussitôt après sa conversion, transporté d’amour pour son Sauveur, régla le loyer d’un banc. Puis, il parcourut les rues, les hôtels et les pensions, à la recherche d’hommes et d’enfants pour remplir ce banc à tous les cultes. Puis il loua un autre banc, encore un autre, puis un autre et il finit par remplir quatre bancs tous les dimanches, mais cela n’était pas suffisant pour apaiser l’amour qu’il ressentait pour tous les gens égarés.
Puis, alors qu’il n’avait pas vingt ans, il partit à Chicago, où il poursuivit avec beaucoup de succès une carrière de vendeur de chaussures. Là, un dimanche, il se rendit à une école du dimanche et il demanda l’autorisation d’enseigner une classe. Le directeur lui répondit: ” Il y a douze moniteurs et seize élèves. Mais vous pouvez enseigner à tous les élèves que vous réussirez à amener à l’école. ” Ce fut une grande surprise pour tous, lorsque le dimanche suivant, Moody entra avec dix-huit enfants ramassés dans la rue, sans chapeau et pieds nus, les vêtements sales et râpés mais, comme il le dit : ” Tous ont une âme qu’il faut sauver “.
Il continua à amener toujours plus d’élèves à l’école du dimanche, si bien que quelques semaines plus tard, l’édifice était trop petit pour les contenir tous. Il résolut alors d’ouvrir une autre école dans un autre quartier de la ville. Moody n’enseignait pas, mais il engageait des moniteurs et il fournissait l’argent pour le loyer et les autres frais. En quelques mois, cette école du dimanche devint la plus importante de la ville de Chicago. Comme il ne jugeait pas convenable de payer quelqu’un pour travailler le dimanche, Moody, très tôt le matin, sortait les tonneaux de bière (le local servait à autre chose dans la semaine), balayait et préparait tout ce qu’il fallait pour l’école. Ensuite, il sortait chercher les élèves. A deux heures de l’après-midi, lorsqu’il revenait après avoir lancé son invitation, il trouvait le local plein d’élèves.
Après avoir terminé le culte à l’école du dimanche, il allait rendre visite à ceux qui n’étaient pas venus et il invitait tout le monde à se rendre au culte du soir. Dans son appel à la fin du sermon, il invitait tous ceux qui étaient intéressés à rester pour un culte spécial, où il s’occupait individuellement de chacun. Moody participait aussi à cette récolte des âmes.
Avant la fin de l’année, en moyenne six cents élèves assistaient à l’école du dimanche, répartis en quatre-vingt classes. Par la suite, le nombre des élèves passa à mille et parfois même à quinze cents.
Le succès de Moody à l’école du dimanche attira l’attention d’autres qui s’intéressaient aussi à ce travail. Il était de temps en temps invité à prendre part aux grandes conventions des écoles du dimanche.
Une fois, après un message de Moody à l’une de ces conventions, un orateur lui fit la critique sévère de ne pas savoir s’adresser à un auditoire. Moody s’avança jusqu’au premier rang, et après avoir expliqué qu’il reconnaissait ne pas être instruit, il remercia le pasteur de lui avoir montré ses défauts et il lui demanda de prier que Dieu l’aide à faire de son mieux. Tout en se consacrant à l’école du dimanche avec de si bons résultats, Moody s’efforçait de réussir aussi bien tous les jours dans le commerce. Le grand but de sa vie était de devenir l’un des premiers commerçants du monde, un multimillionnaire. Il n’avait pas vingt-trois ans qu’il avait déjà mis de côté sept mille dollars! Mais son Sauveur avait un plan beaucoup plus noble pour son serviteur.
Un jour, l’un des moniteurs de l’école du dimanche entra chez le chausseur où travaillait Moody. Il l’informa qu’il était tuberculeux et que, le médecin lui ayant ôté tout espoir, il avait décidé de retourner à New York pour y mourir. Il avoua se sentir très troublé, non pas parce qu’il devait mourir, mais parce qu’il n’avait toujours pas réussi à amener au Sauveur une seule des jeunes filles de sa classe de l’école du dimanche. Moody, profondément ému, lui proposa d’aller avec lui rendre visite chez elles à chacune des jeunes filles. Ils allèrent chez l’une d’elles et le moniteur lui parla sérieusement du salut de son âme. La jeune fille écouta, regretta sa légèreté et se mit à pleurer en se confiant à son Sauveur. Toutes les jeunes filles à qui ils rendirent visite ce jour-là firent de même.
Dix jours plus tard, le moniteur retourna chez le chausseur. Empli de joie, il apprit à Moody que toutes les jeunes filles s’étaient tournées vers le Christ. Ils décidèrent alors de les inviter toutes à un culte de prière et d’adieux, la veille du départ du moniteur pour New York. Tous se mirent à genoux et Moody, après avoir prié, allait se lever lorsqu’une des jeunes filles se mit aussi à prier. Toutes supplièrent Dieu en faveur du moniteur. Avant de partir, Moody supplia: ” Oh, Dieu, fais que je meure avant de perdre la bénédiction que j’ai reçue ici aujourd’hui. “
Plus tard, Moody avoua : “Je ne savais pas le prix que j’allais devoir payer pour avoir pris part à l’évangélisation individuelle de ces jeunes filles. Je perdis toute ardeur pour les affaires; je n’avais plus aucun intérêt pour le commerce. j’avais fait l’expérience d’un autre monde et je ne voulais plus gagner d’argent […] Quel bonheur de tirer une âme des ténèbres de ce monde pour l’amener à la glorieuse lumière et à la liberté de l’Evangile! “
Alors, âgé de vingt-quatre ans, peu après son mariage, Moody décida de laisser un bon emploi avec un salaire de cinq mille dollars par an, salaire fabuleux à l’époque, pour travailler à plein temps au service du Christ, sans avoir la moindre promesse d’une rétribution financière quelconque. Après avoir pris cette résolution, il se rendit en toute hâte à la société B. F. Jacobs et, très ému, il annonça :
” – J’ai décidé d’employer tout mon temps au service de Dieu!
– Et de quoi vivrez-vous? lui demanda-t-on.
– Eh bien, c’est Dieu qui y pourvoira, répondit-il, s’il veut que je continue; et je continuerai jusqu’à ce que je me vois obligé de renoncer “.
Il est très intéressant de noter ce qu’il écrivait peu après à son frère Samuel : ” Cher frère, les heures les plus joyeuses que j’ai vécues sur terre, furent celles que j’ai consacrées à l’œuvre de l’école du dimanche. Samuel, réunis un groupe d’enfants perdus, amène-les à l’école du dimanche et demande à Dieu de te donner la sagesse nécessaire pour leur montrer le chemin de la vie éternelle. ” A l’époque où Moody décrivait ainsi sa joie, il se vit obligé de quitter sa pension, de se nourrir très simplement et de dormir sur l’un des bancs de la salle.
A propos de son désintéressement vis-à-vis de l’argent, R. A. Torrey fit cette observation: ” Il (Moody) m’a dit que s’il avait accepté les gains provenant de la vente des livres d’hymnes qu’il publia, cette somme s’élèverait à un million de dollars. Toutefois, Moody refusa de toucher cet argent, même s’il lui revenait de droit […] Dans une ville où se trouvait Moody au cours des dernières années de sa vie, alors que j’étais avec lui, il fut annoncé publiquement qu’il n’accepterait aucune rétribution pour sa prédication. Mais le fait est qu’il n’avait pratiquement pas d’autres moyens de subsistance, si ce n’est ce qu’il recevait pour ses conférences. Cependant, il ne fit aucun commentaire et il quitta la ville sans avoir reçu un sou pour son difficile travail; et je crois même qu’il régla lui-même sa note à l’hôtel où il avait logé. “
La partie de la biographie de D. L. Moody qui se rapporte aux premières années de son ministère est pleine de prouesses faites dans la chair. Nous n’en rapporterons qu’une, à savoir le fait que Moody fit un nombre incroyable de visites en une seule journée. Plus tard, il dira lui-même à propos de ces années qu’elles témoignaient d’un grand ” zèle au service de Dieu, mais aussi d’un grand manque de jugement”, ajoutant: ” Il y a cependant davantage d’espoir pour l’homme qui fait preuve de zèle, même sans jugement que pour l’homme de jugement dépourvu de zèle.” Lorsqu’éclata la terrible Guerre de Sécession, Moody arriva au camp militaire avec les premiers soldats, et il y dressa une vaste tente pour les cultes. Ensuite, il réunit de l’argent et construisit une église où il célébra plus de mille cinq cents cultes au cours de la guerre. Quelqu’un qui le connaissait, commenta ainsi sur sa façon d’agir : ” Moody paraissait être partout à la fois, de jour comme de nuit, le dimanche comme tous les autres jours de la semaine, à prier, exhorter, parler avec les soldats de leur âme et à se réjouir de l’occasion qui lui était donnée de travailler et de récolter le fruit qui était à sa portée en raison de la guerre. “
Après la fin de la guerre, il dirigea une campagne pour la construction à Chicago d’un bâtiment pour les cultes, capable d’accueillir trois mille personnes, Plus tard, lorsque cet édifice fut détruit par un incendie, lui et deux autres hommes lancèrent une autre campagne, avant même que les décombres ne fussent refroidis, pour la construction d’un nouveau bâtiment. Ce fut le Farwell Hall Il, qui devait devenir un grand centre religieux à Chicago. Le secret de cette réussite fut les réunions de prière qui se tenaient tous les jours, à midi, précédées d’une heure que Moody passait à prier, caché sous un escalier.
Au milieu de ces grandes entreprises, Moody résolut subitement de se rendre en Angleterre. Son principal intérêt dans ce voyage à Londres était d’aller entendre Spurgeon prêcher dans le ” Metropolitan Tabernacle “. Il avait déjà lu bon nombre des écrits du ” Prince des prédicateurs “, mais sur place il put se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de l’œuvre de Spurgeon, mais de celle de Dieu et il revint de sa visite avec une vision différente.
Il alla également voir George Müller et visiter son orphelinat à Bristol. A partir de cette date, l’autobiographie de Müller eut autant d’influence sur lui qu’en avait eu le Voyage du Pèlerin de Bunyan.
Mais, ce qui dans ce voyage, poussa Moody à rechercher une expérience plus profonde avec le Christ, furent ces paroles prononcées par un grand conquérant des âmes de Dublin, Henry Varley : ” Le monde n’a pas encore vu ce que Dieu fera avec, pour, et par l’homme qui s’en remet entièrement à lui. ” Moody se dit en lui-même : ” Il n’a pas dit par un grand homme, ni par un sage, ni par un riche, ni par un orateur, ni par un intelligent, mais tout simplement par un homme. Je suis un homme et il revient à l’homme et à lui seul de décider s’il désire ou non se consacrer de cette manière. Je suis résolu à faire tout mon possible pour être cet homme. ” Malgré tout, après son retour en Amérique, Moody continua ses efforts à l’aide de méthodes charnelles. C’est à cette époque, en 1871, que la ville de Chicago fut réduite en cendres par un immense incendie.
La nuit où se déclara cet épouvantable sinistre, Moody avait dans la soirée prêché sur le thème : ” Que ferai-je donc de Jésus, appelé le Christ? ” En conclusion de son sermon, il dit à l’auditoire, le plus grand auquel il se soit adressé à Chicago: “Je désire que vous emportiez ce texte chez vous et que vous le méditiez au cours de la semaine, et dimanche prochain nous irons au Calvaire, au pied de la croix, et nous déciderons ce que nous ferons de Jésus de Nazareth “.
” Combien je me trompais! ” dit plus tard Moody. ” Je ne me suis plus jamais risqué à accorder une semaine de délai aux égarés pour décider de leur salut. S’ils se perdent, ils seront en droit de se dresser devant moi le jour du jugement. Je me souviens de ce que chantait Sankey et comme sa voix résonnait lorsqu’il arrivait à la strophe de l’appelé : Le Sauveur appelle au refuge; la tempête éclate et bientôt vient la mort.
” Plus jamais je ne vis un tel auditoire. Encore aujourd’hui j’ai envie de pleurer […] Je préfèrerais me faire couper la main droite plutôt que d’accorder à l’auditoire une semaine pour décider de ce qu’il fera de Jésus. Beaucoup me critiqueront en disant : Moody, vous préférez que les gens se décident immédiatement. Pourquoi ne leur laissez-vous pas le temps de réfléchir?
“J’ai demandé à Dieu maintes et maintes fois de me pardonner pour avoir dit ce soir-là qu’ils pouvaient passer huit jours à étudier la question, et s’il me prête vie, je ne le ferai plus jamais. “
Un grand incendie fit rage et ravages pendant quatre jours. Il détruisit Farwell Hall, l’église de Moody ainsi que sa maison. Les membres de l’église furent tous dispersés. Moody reconnut que la main de Dieu s’était abattue sur lui pour lui enseigner une leçon, et cela devint pour lui un motif de grande joie. Il se rendit à New York afin de réunir de l’argent pour tous les sinistrés du grand incendie. A propos de ce qui s’y passa, il écrivit: “Je ne ressentais dans mon cœur aucun désir de demander cet argent. Tout le temps, je criais vers Dieu pour lui demander de m’envoyer son Saint-Esprit. Puis, un jour, dans la ville de New York, quel jour! je ne peux le décrire, et je ne veux pas en parler; ce fut une expérience presque trop sacrée pour être rapportée.
” L’apôtre Paul vécut une expérience dont il ne parla pas pendant quatorze ans. Je peux seulement dire que Dieu se révéla à moi et je ressentis son amour de façon si forte que je dus le supplier de retirer sa main de sur moi. Je me suis remis à prêcher. Mes sermons n’étaient pas différents; je n’exposais pas d’autres vérités; et pourtant, des centaines de personnes se convertissaient. Je ne voudrais pas recommencer à vivre comme autrefois, même si je devais posséder le monde entier! “
A propos de cette expérience, l’un de ses biographes ajouta : ” Le Moody qui se promenait dans la rue paraissait autre. Il ne s’était jamais enivré, mais maintenant il connaissait la différence entre la joie donnée par Dieu et la fausse joie de Satan. Lorsqu’il marchait, il semblait qu’un de ses pieds disait à l’autre : Gloire, et l’autre répondait : Alléluia. Le prédicateur éclata en sanglots, balbutiant: Ô, Dieu! force-moi à marcher près de toi aujourd’hui et toujours. “
A propos de ce même événement, un autre écrivit : ” Le fruit de sa prédication avait été rare. Le cœur plein d’angoisse, il marchait la nuit dans les rues de la grande ville en priant : Ô, Dieu! oins-moi de ton Esprit! Dieu l’entendit et lui accorda, dans la rue, ce qu’il demandait. On ne peut expliquer avec des mots ce qui se passa. Dans sa vie antérieure, il semble qu’il essayait de tirer de l’eau d’un puits qui semblait vide. Il actionnait la pompe de toutes ses forces, mais il ramenait très peu d’eau […]. Maintenant, Dieu a changé son âme en un puits artésien, où l’eau ne manque jamais. Ainsi le sens des paroles suivantes lui devint clair : ” L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ” (Jean 4:14). “
Le Seigneur procura à Moody l’argent dont il avait besoin pour construire un bâtiment provisoire pour célébrer les cultes à Chicago. Ce bâtiment était en bois grossier, isolé avec un papier très épais pour empêcher le froid d’entrer; le toit était soutenu par des rangées de poteaux placés au centre. C’est dans cette église provisoire que se célébrèrent les cultes pendant près de trois ans, au milieu d’un désert de cendres. La plus grande partie du travail de construction se fit avec l’aide des membres de l’église qui vivaient dans des cabanes ou des abris creusés dans les décombres. Au premier culte il y eut plus de mille enfants avec leurs parents!
Cette église provisoire servit également de demeure à Moody et à Sankey, son chanteur évangéliste; ils étaient aussi pauvres que ceux qui vivaient autour d’eux, mais si pleins d’espérance et de joie qu’ils étaient riches spirituellement, bien que ne possédant rien. Le réveil se propagea par vagues successives. Les cultes se poursuivirent jour et nuit, presque sans interruption, pendant plusieurs mois. Des foules pleuraient sur leurs péchés, parfois des journées entières et, le lendemain, pardonnées, elles louaient Dieu et proclamaient leur gratitude. Des hommes et des femmes jusqu’alors découragés, participaient à la joie débordante de Moody, transformés par le baptême du Saint-Esprit.
Peu après la construction de l’église permanente (qui contenait deux mille places, et sans avoir contracté la moindre dette!), Moody fit son second voyage en Angleterre. Lors de ses premiers cultes en ce pays, l’accueil fut très froid dans des églises presque vides et les personnes présentes ne faisaient montre d’aucun intérêt pour ses messages. Mais l’onction du Saint-Esprit que Moody avait reçue dans les rues de New-York emplissait toujours son âme et Dieu en fit son instrument pour provoquer un réveil mondial. Moody n’aimait pas faire appel au sensationnel, il employa toujours les mêmes humbles méthodes jusqu’à la fin de sa vie : le sermon adressé directement à son auditoire; l’application pratique du message de l’Evangile aux besoins individuels; les solos chantés avec l’onction de l’Esprit; l’invitation aux perdus à accepter le Christ et à s’en remettre à lui immédiatement; une salle contiguë pour y recevoir ceux qui avaient des ” difficultés” à accepter le Christ; l’œuvre de suite faite par les croyants auprès des personnes intéressées et des nouveaux convertis; et chaque jour, une heure de prière à midi et des cultes qui duraient la journée entière.
Moody lui-même déclara: ” Si nous sommes remplis de l’Esprit et de puissance, un jour de service pour le Seigneur vaut plus qu’une année de service sans cette puissance. ” Une autre fois, il ajouta: ” Si nous sommes remplis de l’Esprit et oints, nos paroles parviendront à pénétrer le cœur des gens. “
En Angleterre, les villes de Yord, Sunderland, Bishop, Auckland, Carlisle et Newcastle furent revivifiées comme du temps de Whitefield et de Wesley. A Edimbourg, en Ecosse, les cultes furent célébrés dans le plus grand édifice et ” la ville entière fut émue “. A Glasgow, l’œuvre commença par une réunion des moniteurs de l’école du dimanche, à laquelle assistèrent plus de trois mille personnes. La réunion du soir fut annoncée pour six heures et demie, mais bien avant l’heure prévue, le grand édifice était déjà comble et la foule qui ne put entrer, fut dirigée vers les quatre églises les plus proches. Cette série de cultes transforma radicalement la vie quotidienne des gens. Le dernier soir, Sankey chanta pour sept mille personnes qui se trouvaient à l’intérieur de l’édifice, et Moody qui se trouvait à l’extérieur, sans pouvoir entrer, monta sur une voiture et prêcha pour les vingt mille personnes qui se trouvaient rassemblées dehors. Le chœur dirigea les hymnes du haut d’un hangar. En un seul culte, plus de deux mille personnes répondirent à l’appel et s’en remirent définitivement au Christ.
Au cours de l’été, il prêcha dans une douzaine de villes; des milliers de personnes assistèrent à tous ces cultes.
En Irlande, Moody prêcha dans les grands centres urbains avec les mêmes résultats qu’en Angleterre et en Ecosse. Les cultes à Belfast se poursuivirent pendant quarante jours. Le dernier culte fut réservé aux nouveaux convertis qui furent les seuls à pouvoir entrer sur présentation d’une carte délivrée gratuitement. Ils furent deux mille trois cents à y assister. Belfast avait été le centre de nombreux réveils, mais tous furent d’accord pour dire qu’ils n’avaient jamais vu un réveil semblable avec des résultats si durables. Après la campagne d’Irlande, Moody et Sankey revinrent en Angleterre et dirigèrent des cultes inoubliables à Sheffield, Manchester, Birmingham et Liverpool. Pendant de nombreux mois, les plus grands édifices de ces villes ne désemplirent pas de foules désireuses d’entendre l’Evangile présenté de façon claire et hardie, par un homme dégagé de tout intérêt et sans ostentation. Le pouvoir de l’Esprit se manifesta lors de tous ces cultes et produisit des résultats qui sont encore tangibles aujourd’hui.
La tournée entreprise par Moody et Sankey en Europe se termina après quatre mois de réunions à Londres. Moody prêchait alternativement dans quatre centres. Les chiffres suivants nous aident à comprendre quelque peu la grandeur de l’œuvre réalisée au cours de ces quatre mois : il y eut soixante cultes au Agricultural Hall, auxquels assistèrent 720 000 personnes en tout; au Bow Road Hall, soixante cultes auxquels assistèrent 600 000 personnes; au Camberwell Hall, soixante cultes, et une assistance de 480 000 personnes; à l’Haymarket Opera House, soixante cultes et une assistance de 330 000 personnes; au Victoria Hall, quarante-cinq cultes et une assistance de 400 000 personnes!
Qu’il est merveilleux de pouvoir ajouter ici : ” Les différences qui existent entre les confessions disparurent presque entièrement. Les pasteurs de toutes les églises participèrent en une plate-forme commune pour le salut des âmes perdues. Les gens recommencèrent à ouvrir leurs bibles et manifestèrent un grand intérêt pour l’étude de la Parole de Dieu. “
Lorsque Moody quitta les Etats-Unis en 1873, on le connaissait dans quelques Etats seulement en tant qu’ouvrier de l’école du dimanche et de l’Association Chrétienne des jeunes. Mais lorsqu’il rentra de la campagne effectuée en Grande-Bretagne en 1875, il était connu comme le plus célèbre prédicateur du monde. Néanmoins, il resta le même humble serviteur de Dieu. Quelqu’un qui le connaissait intimement décrivit ainsi sa personnalité: ” Je crois que c’est l’être le plus humble que j’aie jamais connu […] Il ne simula jamais l’humilité. Au plus intime de son cœur, il se rabaissait et grandissait les autres. Il mettait les autres en valeur et, chaque fois que c’était possible, il s’arrangeait pour qu’ils prêchent […] il faisait tout son possible pour rester dans l’obscurité. “
De retour aux Etats-Unis, Moody reçut de nombreuses invitations à venir prêcher dans tous les coins du pays. Sa première campagne à Brooklyn servit de modèle à toutes les autres. Toutes les confessions participèrent; elles louèrent un local pouvant contenir trois mille personnes. Le résultat fut une œuvre immense et durable.
Pendant vingt ans, Moody dirigea des campagnes avec grand succès dans les principales villes des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. En certains endroits, la campagne dura six mois. Partout, Moody proclamait le message de l’Evangile de façon claire et pratique.
Au cours de ses campagnes, il se trouva confronté à des situations réellement dramatiques. A Chicago, par exemple, le cirque Forepaugh, dont la tente de toile pouvait contenir dix mille personnes assises et dix mille debout, annonça des représentations pour deux dimanches. Moody loua la tente pour les cultes du matin, ce qui lui valut la reconnaissance des propriétaires. Mais lors du premier culte, la tente fut complètement pleine. Ensuite, l’après-midi il y eut si peu de monde aux représentations du cirque, que les propriétaires décidèrent de ne pas faire de représentation le deuxième dimanche. Cependant, le culte eut lieu le second dimanche sous la tente, par une si grande chaleur qu’on avait l’impression que toute l’assistance allait suffoquer. Néanmoins, dix-huit mille personnes restèrent debout baignées de sueur et sans faire attention à la chaleur. Dans le silence qui régnait pendant que Moody prêchait, la puissance de l’Esprit descendit et des centaines de personnes furent sauvées. A propos de l’un de ces cultes, une personne qui y avait assisté déclara: ” Je n’oublierai jamais le sermon que prêcha Moody. C’était dans le cirque Forepaugh pendant l’Exposition mondiale. Il y avait dix-sept mille personnes sous la tente, appartenant à toutes les classes sociales. Le texte du sermon était : Pourquoi le Fils de l’homme vint rechercher et sauver ce qui était perdu. L’onction du prédicateur était impressionnante; il semblait être en contact intime avec le cœur de chaque personne de cette immense foule. Moody répéta plusieurs fois : Pourquoi le Fils de l’homme est venu aujourd’hui au cirque Forelaugh chercher et sauver ce qui était perdu. Ecrit et imprimé, cela paraît un sermon ordinaire, mais ses paroles, par la sainte onction qui le marquait, se changèrent en paroles d’esprit et de vie. “
Pendant l’Exposition mondiale, la journée désignée en l’honneur de la ville de Chicago, tous les théâtres de la ville fermèrent leurs portes parce qu’on s’attendait à ce que tout le monde se rende à l’Exposition qui se trouvait à six kilomètres de distance. Cependant, Moody loua le Central Music Hall et R. A. Torrey témoigna que l’assistance était si grande qu’il ne parvint à entrer que par une fenêtre du fond. Les cultes de Moody continuèrent à attirer tant de monde que l’Exposition mondiale n’ouvrit pas ses portes le dimanche car le public n’était pas assez nombreux. Henry Moorehouse, prédicateur écossais, donne l’opinion suivante à propos des discours de Moody : ” Il croit fermement que l’Evangile sauve les pécheurs, quand ils croient et ont confiance en la simple histoire du Sauveur crucifié et ressuscité. Il attend le salut des âmes quand il prêche.
” Il prêche comme s’il ne devait plus jamais y avoir de culte et comme si les pécheurs ne devaient plus jamais avoir l’occasion d’entendre le message de l’Evangile. Ses appels à prendre une décision pour le Christ à l’instant même sont émouvants.
” Il réussit à convaincre les croyants de travailler avec ceux qui sont intéressés après le sermon. Il insiste pour qu’ils demandent à ceux auprès de qui ils sont assis s’ils sont sauvés ou non. Tout dans son œuvre est simple et il conseille aux ouvriers de la moisson du Seigneur d’apprendre de notre frère bien-aimé quelques leçons précieuses sur la façon de gagner les âmes. “
Le docteur Dale dit : ” Quant au pouvoir de Moody, je crois qu’il est très difficile d’en parler. Il est si réel et en même temps, si différent du pouvoir des autres prédicateurs que je ne sais comment le décrire. Sa réalité est indéniable. Un homme qui peut captiver l’intérêt d’un auditoire de trois à six mille personnes pendant une demi-heure le matin, à nouveau pendant quarante minutes à midi et qui peut retenir l’intérêt d’un troisième auditoire de treize à quinze mille personnes pendant quarante minutes le soir, doit avoir un pouvoir extraordinaire cela ne fait aucun doute “.
A propos de ce merveilleux pouvoir, Torrey affirma : “J’ai souvent entendu dire par diverses personnes : Nous avons parcouru de grandes distances pour voir et entendre D. L. Moody, qui, en effet, était un prédicateur extraordinaire. Certes, c’était un merveilleux prédicateur; tout bien considéré, le meilleur que j’ai jamais entendu; c’était un grand privilège de l’entendre prêcher, comme lui seul savait le faire. Ceci dit, l’ayant connu intimement, je désire témoigner que Moody était plus grand encore comme intercesseur que comme prédicateur. En face d’obstacles apparemment insurmontables, il savait vaincre toutes les difficultés. Il savait et il croyait du plus profond de son âme, que rien n’était trop difficile pour Dieu, que tout lui était possible et que la prière pouvait tout obtenir de lui. “
Un jour, pendant sa grande campagne de Londres, Moody était en train de prêcher dans un théâtre comble, où l’auditoire appartenait à la haute société et comptait un membre de la famille royale. Moody se leva et lut Luc 4:27: ” Il y avait aussi plusieurs lépreux en Israël du temps d’Elisée le prophète […].” Arrivé au mot ” Elisée “, il ne put le prononcer et se mit à bégayer et à balbutier. Il recommença à lire le verset, niais arrivé à ” Elisée”, il ne put poursuivre. Il essaya une troisième fois sans plus de succès. Alors il ferma le livre et très ému, il leva les yeux et dit : ” Ô Dieu! Sers-toi de cette langue maladroite pour proclamer le Christ crucifié à cette foule. ” La puissance de Dieu descendit sur lui et son âme se répandit en un tel torrent de paroles que l’auditoire tout entier fut comme enflammé par le feu divin.
Ce fut au cours de ce deuxième voyage aux lIes Britanniques qu’il accomplit son œuvre chez les étudiants des deux célèbres universités, Oxford et Cambridge. On a souvent raconté l’histoire selon laquelle lui, un homme sans instruction, mais plein de diplomatie et de bon sens, vint à bout de la censure et accomplit parmi les intellectuels ce que certains considèrent comme la plus grande œuvre de sa vie.
Bien que Moody n’ait pas fait d’études universitaires, il reconnaissait la grande valeur de l’instruction et il conseillait toujours aux jeunes de se préparer afin de bien utiliser la Parole de Dieu. Il reconnaissait le grand avantage de l’instruction pour ceux qui prêchaient avec la puissance du Saint-Esprit. Il existe encore trois grands monuments qui témoignent de ses convictions à ce sujet, les trois écoles qu’il fonda :
(1) l’Institut biblique Moody de Chicago, avec trente-huit édifices et seize mille élèves inscrits aux classes de jour ou du soir et aux cours par correspondance;
(2) le Séminaire de Northfield, avec quatre cent quatre-vingt-dix étudiants;
(3) l’école de Mount Hermon, et ses cinq cents élèves.
Cependant, ne nous trompons pas comme l’ont fait certains de ces élèves, et certains d’entre nous, en pensant que le pouvoir de Moody était plus intellectuel que spirituel. Sur ce point, lui-même insista beaucoup. Pour plus de clarté, citons ce passage pris dans ses Brèves Causeries . “Je ne connais rien de plus important dont ait besoin l’Amérique, si ce n’est d’hommes et de femmes en qui brûle le feu du ciel; je n’ai jamais rencontré d’hommes ni de femmes enflammés de l’Esprit de Dieu qui aient échoué. Je crois que cela est véritablement impossible; de telles personnes ne se sentent jamais découragées. Elles vont toujours de l’avant et s’enhardissent toujours plus. Mes bien-aimés, si vous n’avez pas obtenu cette lumière, essayez de l’acquérir en priant : Oh Dieu, remplis-moi de la lumière de ton Saint-Esprit!”
Dans les écrits de R. A. Torrey, apparaît l’esprit de ces écoles fondées par Moody : ” Moody avait l’habitude de m’écrire avant d’entamer une nouvelle campagne, en me disant : “J’ai l’intention de commencer le travail en tel endroit et tel jour; je vous prie de réunir les étudiants pour une journée de jeûne et prière.” Je lisais cette lettre aux étudiants et je leur disais : “Moody désire que nous consacrions un jour au jeûne et à la prière pour demander les bénédictions divines premièrement sur nos âmes à nous et pour notre travail et ensuite, pour lui et pour son œuvre.” Souvent nous restions dans la salle de classe jusque tard dans la nuit, ou tôt le matin si on préfère, à implorer Dieu parce que Moody nous exhortait à prier jusqu’à ce que nous recevions la bénédiction. Combien d’hommes et de femmes ai-je connus qui ressentirent une véritable transformation de leur vie et de leur caractère grâce à ces nuits de prière, et combien ont réussi de grandes choses grâce, en grande partie, à ces heures passées à supplier Dieu?
“Jusqu’au jour de ma mort, je me souviendrai du 8 juillet 1894. C’était le dernier jour de l’assemblée des étudiants de Northfield […]. A trois heures de l’après-midi, nous nous sommes réunis devant la maison de la mère de Moody […]. Il y avait quatre cent cinquante-six personnes dans ce groupe […]. Après avoir marché quelques minutes, Moody décida que nous pouvions nous arrêter. Nous nous sommes assis sur les troncs d’arbres tombés, sur les rochers ou par terre. Moody nous donna alors la parole afin que n’importe quel étudiant pût s’exprimer. Quelques soixante-quinze d’entre eux se levèrent, l’un après l’autre, pour dire : “Je n’ai pas pu attendre jusqu’à trois heures de l’après-midi, mais je suis resté seul avec Dieu depuis le culte du matin, et je crois pouvoir dire que j’ai reçu le baptême du Saint-Esprit.” En entendant le témoignage de ces jeunes gens, Moody suggéra : “Jeunes gens, pourquoi ne nous mettrions-nous pas à genoux, maintenant, ici même, pour demander à Dieu de manifester en nous la puissance de Son Esprit de façon spéciale, comme Il le fit pour les apôtres, le jour de la Pentecôte?” Et là, sur la montagne, nous avons prié.
“En montant, nous avions remarqué les nuages noirs qui s’accumulaient dans le ciel; au moment où nous commençâmes à prier, la pluie se mit à tomber sur les hauts pins et sur nous. Mais depuis dix jours, il s’était accumulé au-dessus de Northfield une autre sorte de nuée, une nuée pleine de la miséricorde, de la grâce et de la puissance divines, de sorte qu’en cette heure, nos prières avaient percé ces nuées, et que la vertu du Saint-Esprit se déversait sur nous avec grande force. Hommes et femmes reçurent, c’est là ce dont nous avons besoin, le baptême dans le Saint-Esprit.
“Moody lui-même était un étudiant infatigable, cela ressort clairement de ce qui suit : “Tous les jours de sa vie, jusqu’à la fin, à ce que je crois, il se levait très tôt pour méditer la Parole de Dieu. Il avait l’habitude de se lever à quatre heures du matin pour étudier la Bible. Un jour, il me dit : “Pour étudier, je dois me lever avant quiconque dans la maison.” Il s’enfermait dans une pièce à l’écart de la famille, seul avec sa Bible et Dieu.
“On peut parler avec puissance, mais malheur à celui qui néglige le seul Livre donné par Dieu, qui sert d’instrument au moyen duquel Il donne et exerce Son pouvoir! Un homme peut lire un nombre incalculable de livres et assister à de grandes conventions; il peut organiser des réunions de prière qui durent des nuits entières, implorer la puissance du Saint-Esprit, mais si cet homme ne reste pas en contact étroit et constant avec le Livre unique, la Bible, il ne recevra pas cette puissance. S’il a déjà quelque force, il ne pourra pas la conserver, si ce n’est par l’étude quotidienne, sérieuse et intense de ce Livre.” “
Toutes choses en ce monde doivent avoir une fin; et ainsi arriva l’heure de la fin du ministère de D. L. Moody sur cette terre. Le 16 novembre 1899, au milieu de la campagne qu’il prêchait à Kansas City, à des auditoires qui atteignaient quinze mille personnes, il prêcha son dernier sermon. Il est probable qu’il se soit douté que c’était le dernier; ce qui est sûr, c’est que son appel au salut fut béni de la puissance d’en haut et des centaines d’âmes furent gagnées à Christ.
Pour tout le pays, le vendredi 22 décembre 1899 fut le jour le plus court de l’année, mais pour D. L. Moody, l’aube qui se levait était celle du jour qui n’aurait pas de fin. A six heures du matin, il s’endormit d’un sommeil léger. Puis ses proches l’entendirent s’écrier d’une voix très claire: ” Si c’est cela la mort, il n’y a pas de vallée. C’est glorieux. J’ai passé le seuil et j’ai vu les enfants! (Deux de ses petits-enfants étaient décédés). La terre est derrière; le ciel s’ouvre devant moi. Dieu m’appelle! ” Puis il se tourna vers sa femme, qu’il aimait plus que personne au monde, à l’exception de Christ et lui dit : ” Tu as été pour moi une bonne épouse. “
Lors du culte funèbre, célébré très simplement, Torrey, Scofield, Sankey et les autres s’adressèrent à la grande foule émue qui y assistait. Ensuite, le cercueil fut transporté par les élèves de l’Ecole Biblique de Mount Hermon vers un point élevé tout proche. C’est là qu’ils l’enterrèrent.
Trois ans plus tard, la fidèle servante de Dieu, Emma Moody son épouse, s’endormit elle aussi en Christ et elle fut enterrée à ses côtés, au même endroit, jusqu’au jour glorieux de la résurrection.
Arrêtons-nous un instant sur la vie extraordinaire de ce grand conquérant d’âmes. Lorsque le jeune Moody pleurait, ébranlé par la puissance d’en haut, lors d’un message du jeune Spurgeon, il fut poussé à s’exclamer: ” Si Dieu peut se servir de Spurgeon, Il peut se servir de moi aussi! “
La biographie de Moody est l’histoire d’une vie complètement soumise à Dieu. R. A. Torrey dit: ” Le premier facteur qui fit de Moody un instrument si utile entre les mains de Dieu, était que c’était un homme totalement soumis à la volonté divine. Chaque gramme de ce corps de cent vingt-sept kilos appartenait au Seigneur; tout ce qu’il était et tout ce qu’il possédait appartenait entièrement à Dieu […] Si nous, vous et moi, désirons être utilisés par Dieu, nous devons nous soumettre à Lui absolument et sans restriction. “
Cher lecteur, décidez-vous maintenant avec la même détermination et grâce à l’aide divine : ” Si Dieu a pu se servir de Dwight Moody, il peut se servir de moi aussi. ” Qu’il en soit ainsi!
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