Au Nord du Cameroun, de nombreux chrétiens subissent une sévère persécution: de la part des extrémistes islamiques ou de celle de leurs propres familles.
Amina (pseudonyme) a 18 ans. Cette jeune chrétienne d’arrière-plan musulman doit se cacher chez l’une de nos partenaires, pour que sa famille ne la retrouve pas: quand ils ont découvert la bible qu’elle lisait la nuit depuis quelques mois, ses proches l’ont battue. Puis ils l’ont mise à la porte avec toutes ses affaires. Nous ne sommes pourtant pas dans un pays régi par la charia, mais au Cameroun.
Une persécution qui s’intensifie
Ses parents lui ont également volé son acte de naissance. Ce qui rend très difficile toute démarche administrative future pour la jeune femme. Harcelée au téléphone pour qu’elle renonce à sa nouvelle foi, Amina espère et prie pour que ses relations familiales s’apaisent.
La majorité des chrétiens camerounais ne sont pas comme Amina des musulmans convertis. Mais avec la persécution qui s’intensifie, ils deviennent eux aussi extrêmement vulnérables. Au Nord du Cameroun, la plupart des familles chrétiennes travaillent dans l’agriculture. Leurs récoltes leur serviront de monnaie d’échange quand les températures grimperont jusqu’à 45 degrés et que l’eau se fera plus rare. Mais en quelques minutes, les chrétiens peuvent perdre leur maison, leur vie sociale, leurs champs et donc leur revenu. Et tous leurs repères, quand ils doivent s’exiler pour survivre après une attaque.
Quand se déplacer devient dangereux
C’est le cas de Rebecca et de sa famille. Il y a quelques temps, Rébecca et son mari revenaient du marché, avec d’autres chrétiens de leur village. C’est alors que Boko Haram les a attaqués. Les combattants sont sortis de la brousse et ont tiré sur eux. Au troisième tir, le mari de Rébecca s’est effondré. Quant à la jeune femme, c’est parce qu’elle s’est évanouie qu’elle a survécu. Aujourd’hui réfugiée en ville, elle se retrouve seule pour prendre soin de ses neuf enfants. Et comme il est devenu très dangereux de se déplacer, elle ne peut plus retourner aux champs. «Pourquoi Dieu m’a-t-il laissée dans une situation pareille?», demande-t-elle, tout en expliquant que son travail de couturière lui permet de gagner à peine de quoi survivre.
Une aide qui fait la différence
Portes Ouvertes aide les églises locales dans cette prise en charge des besoins physiques et émotionnels des victimes de violences: par le biais d’un ministère de présence, de micro-crédits, d’une aide d’urgence et par des programmes de prise en charge des traumatismes. En 2021, nous avons apporté une aide d’urgence à 449 familles chrétiennes à Koza, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Fadi, une jeune chrétienne déplacée bénéficiaire de l’aide témoigne: «J’ai reçu du riz, du poisson et un seau, du savon et du maïs, une natte, un tissu et de l’huile végétale!» Elle exprime sa reconnaissance pour ces biens, alors qu’il est si difficile de subvenir à ses propres besoins en exil: «Cela fait deux ans que je n’ai pas eu un nouveau tissu comme celui-ci. Mais vous nous l’avez donné aujourd’hui. Je suis très, très heureuse!»
P.O