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À Kaboul, le père barnabite Giovanni Scalese ne peut contenir son inquiétude lorsqu’il pense au retrait total des troupes américaines d’Afghanistan, qui se fera progressivement jusqu’au 11 septembre 2021. D’origine italienne, le supérieur de la Mission sui iuris (mission indépendante assurant une présence d’Église sous forme de petites communautés chrétiennes isolées) craint que la guerre civile ne s’abatte sur le pays enclavé. « Le gouvernement actuel sera-t-il en mesure de garantir notre sécurité ? », s’est-il inquiété dans un communiqué de presse envoyé à plusieurs médias catholiques le 16 avril.

Les États-Unis organisent le retrait d’Afghanistan

Installée en mai 2002 en Afghanistan par le pape Jean-Paul II, la Mission sui iuris est sous l’autorité des Clercs réguliers de saint Paul, un ordre missionnaire fondé à Milan au XVIe siècle, également connu sous le nom de barnabites. En Afghanistan, pays où l’islam est la religion d’État, la mission se limite à mener des activités caritatives et humanitaires.

Risques d’une guerre civile

Les États-Unis et ses alliés de l’Otan ont été engagés dans une guerre longue de vingt ans contre les talibans. En février 2020, les États-Unis et les talibans ont signé les accords de Doha, mentionnant le retrait progressif des troupes américaines et de l’Otan. Le président Joe Biden a annoncé qu’entre 2 500 et 3 500 soldats américains et environ 8 000 soldats de l’Otan quitteraient l’Afghanistan d’ici au 11 septembre 2021 – pour le vingtième anniversaire de l’attentat d’Al-Qaida au World Trade Center à New York. D’après les Nations unies, plus de 2 300 soldats américains ont perdu la vie dans ce conflit qui aura duré vingt ans, soit la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis. Entre 35 000 et 40 000 civils ont été tués.

Quel est le bilan de 20 ans d’intervention américaine en Afghanistan ?

Le père Scalese, à la tête de l’Église missionnaire afghane jusqu’en 2014, alerte sur les risques d’éclatement d’une guerre civile. Selon les termes des accords de Doha, un gouvernement de transition de l’unité nationale devrait être mis en place afin d’organiser des élections libres. « Mais si les différents protagonistes ne se parlent pas, comment pourraient-ils former un gouvernement ensemble ? s’agace le prêtre italien de 65 ans. C’est plus facile de laisser les armes parler. » Les réunions qui auraient dû avoir lieu entre le gouvernement afghan actuel et les talibans « n’ont donné aucun résultat », observe-t-il.

Les talibans plus puissants que jamais

Les talibans considèrent le retrait total des troupes américaines et de leurs alliés comme un signe de victoire pour la faction djihadiste. Certains observateurs craignent que cela n’entraîne un regroupement des forces antiaméricaines. Dans un rapport récent, le Council on Foreign Relations, un think tank américain, a affirmé que les talibans sont désormais en position de force comme ils ne l’ont jamais été depuis 2001, lorsque les soldats américains ont envahi l’Afghanistan.

Le père Scalese affirme que même si les talibans devaient revenir au pouvoir, ils ne pourraient pas restaurer entièrement le régime totalitaire qu’ils avaient formé en 1996. « Les talibans ne pourraient jamais remettre en question les droits auxquels les Afghans se sont habitués pendant toutes ces années », a noté le prêtre. Sous la loi talibane, la situation critique des femmes afghanes a également fait couler beaucoup d’encre. D’après le missionnaire italien, il est impensable qu’elles acceptent de devoir rester « à la maison ou sous une burqa ».

Un millier de chrétiens sur place

Même si l’actuelle Constitution afghane maintient que le pays est une république islamique, Giovanni Scalese craint que les talibans ne tentent « d’imposer une nouvelle Constitution ». Le prêtre barnabite signale qu’un peu moins d’un millier de chrétiens vivent actuellement dans ce pays. Les sœurs Missionnaires de la charité de Sainte Teresa de Calcutta, et une ONG intercongrégations appelée Pro Bambini di Kabul (Pour les enfants de Kaboul) sont notamment présentes dans la capitale.

En Afghanistan, une guerre sans fin

L’Afghanistan est un pays politiquement instable depuis 1978, lorsque le gouvernement de Mohammed Daud Khan avait été renversé par un coup d’État. Les guerres qui s’en étaient ensuivies avaient duré plus de quarante ans. Les troupes soviétiques avaient occupé le pays entre 1979 et 1989, avant que les talibans n’arrivent au pouvoir au début des années 1990, après une guerre civile sanglante. L’émirat islamique d’Afghanistan, que les talibans avaient mis en place, a volé en éclat après que l’ancien président des États-Unis George W. Bush a attaqué le pays en réponse aux attentats du 11-Septembre.

La croix

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