En Turquie, trois pasteurs ont échappé de justesse à deux tentatives d’assassinat. Sept ans après, l’auteur de ces actes est passé aux aveux.
Quand un enfant joue du piano dans une église en Turquie, des vies peuvent être sauvées. C’est littéralement ce qui est arrivé aux pasteurs Vedat Serin, Tim Stone et Ihsan Özbek dans la ville de Malatya en 2015 et 2016. Mais ceci, les trois responsables chrétiens ne l’ont appris que sept ans plus tard!
Des aveux, 7 ans après!
En août dernier, un jeune nationaliste, Tolgahan, est passé aux aveux. Il a révélé ses anciens projets meurtriers au pasteur Vedat Serin qui en était la cible. Le jeune homme l’affirme: il avait été approché par des membres de la gendarmerie, des forces anti-terroristes et des soldats pour commettre ces trois assassinats. Mais il y a renoncé par deux fois dans des circonstances improbables. Rappel des faits:
- Première tentative d’assassinat en 2015: Tolgahan cible le pasteur Vedat Serin, et deux collègues. Mais dans l’église, le fils du pasteur joue du piano, et Tolgahan, ému, renonce à abattre le père sous les yeux de son fils.
- Deuxième tentative en 2016: Tolgahan prévoit de repasser à l’acte. Mais un attentat vient d’être commis contre l’ambassadeur de Russie, et le jeune nationaliste ne trouve pas le moment opportun. Par la suite, il abandonne ses projets meurtriers.
Triple meurtre en 2007
Ces aveux tardifs renforcent le doute qui existe parmi les chrétiens: y aurait-il un lien entre les forces armées et des attentats visant leur communauté? En 2007 déjà, la ville de Malatya avait été endeuillée par un triple meurtre: celui de trois chrétiens, torturés puis égorgés dans une librairie religieuse. Cinq jeunes nationalistes turcs avaient été arrêtés, jugés puis condamnés à 39 ans de prison. Le procès avait duré dix ans et deux militaires avaient également passé quatre ans derrière les barreaux. Mais personne n’avait pu prouver l’existence d’un lien formel entre les forces armées et ces assassinats.
Une «conspiration»
Les cinq condamnés avaient revendiqué une double motivation: mettre un terme aux «activités nuisibles» des missionnaires chrétiens et défendre l’honneur de l’islam. C’est pourquoi à l’époque, l’Association d’Églises Protestantes en Turquie, avait regretté que le procès n’ait pu établir «la conspiration à l’œuvre derrière ces cinq jeunes».
Cette affaire est aujourd’hui relancée par les déclarations de Tolgahan. Elles pourraient fournir une piste à la justice turque pour établir un lien entre des commanditaires présumés et des victimes potentielles.
15 ans après les assassinats de Malatya, les responsables chrétiens de la ville attendent une enquête de police sérieuse. Ils souhaitent que la justice «mette en lumière» un éventuel complot contre des responsables d’église.
P.O