L’enclave de Melilla, au nord du Maroc, constitue l’une des seules frontières terrestres de l’UE avec l’Afrique. Alors que 900 Africains subsahariens ont massivement traversé la frontière pour rejoindre l’Espagne les 2 et 3 mars derniers, l’organisation Caritas et le diocèse espagnol de Malaga appellent à respecter la dignité de ces réfugiés, qui risquent d’être prochainement renvoyés dans leur pays.
«En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas détourner le regard». Telle est l’exhortation de la délégation diocésaine des migrations et de Caritas de Malaga, aux milliers d’Africains qui ont tenté de rejoindre le territoire autonome espagnol de Melilla, première étape pour atteindre le continent européen, au cours de ces derniers jours.
Originaires pour la plupart de pays subsahariens, ils sont plus de 2500 amassés à la frontière entre le Maroc et l’Espagne ces derniers jours. Le 2 mars, 491 personnes ont franchis le mur depuis le Maroc vers Melilla. Le lendemain, le 3 mars, 350 autres ont à leur tour passé la frontière. «Nous devons nous efforcer de connaître la réalité que (ces personnes) fuient : 70 guerres que nous avons oubliées, mais qui sont bien là. La situation dans de nombreux pays est réellement préoccupante», note en réaction le communiqué du diocèse de Malaga, dont fait partie Melilla.
Mgr Hinder: ne pas oublier la souffrance des enfants du Yémen
Environ 4 000 personnes se trouveraient actuellement sur le mont Gurugú, dans le district marocain de Nador, et attendraient de sauter la barrière frontalière pour poser le pied à Melilla. Alors que les autorités espagnoles critiquent l’inertie du gouvernement marocain, le ministère espagnol de l’intérieur a indiqué que l’arrivée d’immigrants clandestins en Espagne a augmenté de 73,2 % par rapport à la même période l’année dernière.
La violence des politiques migratoires
Le communiqué conjoint des institutions diocésaines exprime la douleur de ces dernières devant «la souffrance de ces personnes» qui ont risqué leur vie pour franchir la frontière. Elle courent le risque d’être renvoyées en masse dans leur pays, «sans procédure régulière», une action contraire aux «droits de l’homme, car elle empêche la protection internationale des réfugiés et viole la dignité de chaque personne», condamne le communiqué.
«Cette violence est un nouvel exemple du manque d’humanité de nos politiques migratoires», affirme la note diocésaine. Elle rappelle également que l’Église de Melilla, «toujours attentive à ces mouvements migratoires», continue d’offrir des programmes d’accueil et d’accompagnement et est toujours alerte pour dénoncer ces épisodes qui «malheureusement se répètent périodiquement».
Caritas de Melilla, tout comme les congrégations religieuses de la ville autonome, tenteront dans la mesure de leurs possibilités d’apporter une réponse de solidarité face aux événements, qui génèrent tant d’injustice et de souffrance.
Toutes les guerres méritent attention et solidarité
Le diocèse de Malaga et la Caritas insistent sur le fait que «l’Ukraine, le Mali, la Guinée.. » sont des pays qui ont tous «besoin et méritent» la solidarité et la protection. «Notre volonté d’accueillir ne peut pas faire d’exception pour les personnes», affirment les responsables humanitaires et religieux.
Le communiqué conclut en soulignant que tous sont appelés à venir en aide aux migrants, en faisant appel à toutes les ressources et moyens à leur disposition. Il rappelle que dans la Bible, le bon Samaritain ne s’est pas contenté de protéger les impuissants et de guérir leurs blessures, mais a également pris soin d’eux en établissant des «réseaux de collaboration». Une invitation à «travailler pour la paix, qui est inséparable de la justice et de la charité».