Les droits censés protéger l’identité des Amérindiens se retournent contre ceux qui ont décidé de suivre Jésus. Leur conversion signifie la perte de leur culture ancestrale. Un choix douloureux.
«Les anciens de ma tribu m’ont accusé d’avoir profané leurs sanctuaires et divulgué à des étrangers des informations sur les rituels secrets. Ils m’ont infligé quatre mois de prison», rapporte Pedro (pseudonyme), un chrétien amérindien. De nombreux Colombiens, mais aussi beaucoup d’ethnologues occidentaux sont convaincus que les chrétiens détruisent les traditions culturelles des Amérindiens.
Persécutés par leur propre peuple
La Colombie compte plus de 80 ethnies héritières des cultures antérieures à l’arrivée des Européens. Cette population représente 1,3 million de Colombiens. Depuis 1991, Le gouvernement a défini des «territoires indigènes» où la Constitution protège leurs droits, leurs traditions et leur conception animiste du monde. Par conséquent, être chrétien ou encourager le christianisme dans ces enclaves représente un délit. On estime que 30% des Amérindiens de Colombie sont chrétiens. Près de la moitié d’entre eux sont persécutés par leur communauté ethnique. C’est le cas de Rodrigo (pseudonyme). La réponse aussi sèche que menaçante des chefs de sa tribu claque à ses oreilles:
«Non! Tu ne peux pas être pasteur car tu es Amérindien. Ici, personne n’est autorisé à introduire d’autres croyances. Si tu continues à répandre l’Évangile, nous te tuerons.»
Rodrigo est pris en tenaille: soit il renie Christ, soit il abandonne son identité amérindienne. Il sait que plusieurs chrétiens indigènes ont été assassinés. Mais il a choisi de garder la foi en Christ au détriment des traditions culturelles.
Éducation: le grand défi
Pour la scolarisation de leurs enfants, les chrétiens amérindiens font face à un dilemme insoluble. À l’école publique, les enfants sont initiés aux rituels traditionnels et aux pratiques occultes de leur tribu. Aussi, de nombreux parents renoncent à les scolariser. Leur seule possibilité est l’école chrétienne, souvent éloignée. Ainsi, Portes Ouvertes a soutenu en 2013 la construction d’une école chrétienne pour les enfants de l’ethnie arhuaco, dont les familles ont été chassées de leurs villages. L’enseignant, Felipe (pseudonyme), est lui aussi un chrétien Arhuaco. Il exprime sa reconnaissance:
«Vous nous avez encouragés à éduquer ces enfants selon des valeurs bibliques. Ils exerceront plus tard une influence positive sur la société.»
Pour assurer son salaire et le fonctionnement de l’école, les parents de la quarantaine d’élèves ont créé une culture de café biologique.