L’évêque métropolitain orthodoxe de Pergame du Patriarcat de Constantinople, Ioannis Zizioulas est décédé jeudi 2 février à l’âge de 92 ans, dans un hôpital d’Athènes où il a été hospitalisé pour une infection à la Covid. Il était très estimé par le Pape François qui l’avait sollicité afin qu’il contribue à son encyclique “Laudato si”.
Il y a quarante ans déjà, le père Yves Congar parlait de lui comme de «l’un des théologiens les plus originaux et les plus profonds de notre temps». Grand promoteur de l’œcuménisme, Ioannis Zizioulas avait abordé, à plusieurs reprises, le thème de la primauté pétrinienne, à la lumière également des enseignements du Concile Vatican II. Prônant la parité entre chaque évêque de chaque Église locale, il avait notamment déclaré dans une interview que la possibilité «d’accepter la primauté universelle» du Pape serait acceptable pour le monde orthodoxe dans une dimension synodale où «l’évêque de Rome ne devrait rien faire sans les autres évêques. Il devrait toujours les consulter», en gardant le depositum fidei «seulement en communion avec les autres évêques».
Une contribution à Laudato si’
François estimait beaucoup Ioannis Zizioulas et l’avait appelé à apporter une contribution à l’encyclique Laudato si’, et l’évêque métropolitain orthodoxe de Pergame était d’ailleurs parmi les personnes présentes, le 18 juin 2015, à la conférence de presse de présentation du document papal. «Cette encyclique est un événement historique», disait-il à l’époque, «une occasion de joie et de satisfaction pour les orthodoxes, qui réclament l’urgence d’un débat sur la création depuis 1989». Les implications écologiques de la doctrine chrétienne de la création, avait-il dit, «ont souvent été ignorées, alors que toute la création est imprégnée de Dieu et que l’être humain est un prêtre de la création et non son exploiteur». Il s’était ensuite attardé sur la rupture de la «relation correcte entre l’homme et la création», la qualifiant de «péché écologique» envers Dieu et le prochain d’aujourd’hui et de demain.
Crise écologique, opportunité œcuménique
Pour Mgr Ioannis Zizioulas, la crise écologique est un problème spirituel. À la racine de ce péché, soulignait-il, se trouve la recherche du bonheur individuel, une avidité qui génère l’injustice sociale. Il faut y opposer une «ascèse écologique», c’est-à-dire une sensibilité envers toutes les créatures, puisque nous sommes tous interdépendants. Le métropolite, relevait également que la crise écologique est une occasion œcuménique, un appel à l’unité dans la prière pour l’environnement, dans la conversion des cœurs et des styles de vie afin que tous les dons de Dieu soient respectés.
Le Pape François l’a souvent cité, même lorsque celui-ci aimait plaisanter sur le chemin œcuménique et le débat théologique, en affirmant que les théologiens parviendraient à un accord au lendemain du jugement dernier.
Biographie
Né le 10 janvier 1931, l’évêque métropolitain orthodoxe de Pergame du Patriarcat de Constantinople, Ioannis Zizioulas a étudié aux universités de Thessalonique et d’Athènes, puis à l’Institut œcuménique de Bossey. Il a obtenu son doctorat avec une thèse sur “L’unité de l’Église dans la Divine Eucharistie et l’évêque au cours des trois premiers siècles“. Il a terminé ses études de théologie à l’université de Harvard, et a été professeur de théologie dogmatique à l’université d’Édimbourg et de théologie systématique aux universités de Glasgow (1973-1987), de Thessalonique (1984-1998), du King’s College de Londres, de la Grégorienne à Rome et de Genève. En 1986, il a été élu métropolite de Pergame. Il a représenté le Patriarcat de Constantinople au sein de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe
