Parmi les populations les plus anciennes de la Côte d’ivoire, on compte les Gouro. Établi principalement au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, autour de Bouaflé, Zuénoula, Sinfra, Oumé, Vavoua, les Gouro se décline en plusieurs cantons. À en croire nos informations, le défilé de la célébration du 63e anniversaire de l’accession à l’indépendance de la Côte d’Ivoire dans la ville de Zuenoula va mettre en lumière cette année le canton Douonon. Avant cette célébration, coup de projecteur sur la tribu DOUONON. BI TRA Mathurin VOLI, actuel chef de la tribu nous a accordé cet entretien.
Alléluia Event : Bonjour chef Voli Bi Tra, Pourriez-vous vous présentez à nos lecteurs ?
BI TRA Mathurin VOLI : Bonjour, soyez le bienvenu à Pohizra DOUONON, chef-lieu de la tribu DOUONON dans la sous – préfecture de VOUEBOUFLA. Je suis à l’état civil Monsieur BI TRA Mathurin VOLI, chef actuel de la tribu DOUONON, natif de POHIZRA DOUONON. Après mon cursus scolaire, j’ai travaillé comme réceptionniste dans l’une des plus grandes structures hôtelières de la place ; hôtel IVIORE, connu aujourd’hui sur le nom de l’hôtel POULMAN de 1974 à 1982, ensuite de 1984 à 2010, j’ai été à nouveau admis à travailler à la SOTRA (Société de Transport Abidjanaise) en tant que gestionnaire des ressources humaines. En Décembre 2010, j’ai eu droit à ma retraite.
Alléluia Event : Vous êtes le chef de la tribu Douonon, Quelles sont les prérogatives du chef ?
BI TRA Mathurin VOLI : Le chef, c’est l’incarnation de l’autorité morale, garant des us et coutumes, ensuite il est le prolongement de l’autorité administrative. Le chef gère en amont les différents conflits selon son champ de compétence, de façon spécifique. Le chef mérite respect et considération de la part de ses administrés.
Alléluia Event : Comment se fait le choix du chef ?
BI TRA Mathurin VOLI : Chez nous dans notre tribu, les critères de choix du chef de tribu se font selon un ordre prédéfini par les ancêtres dans le respect de la lignée.
Pour la petite histoire, en 2011 mon frère ainé VOLI BI NENE Anatole, chef de tribu DOUONON avait succédé à mon défunt père ZAHE BI VOLI qui lui avait succédé à son père KOA BI ZAHE, le premier cité venait de tirer sa révérence. Après les cérémonies funèbres le conseil familial s’est réunie et a dit que je devrais être le successeur de mon frère cadet. Je vous avoue que cette attribution ne m’enchanta guère, alors j’ai opposé un refus catégorique pendant trois (03) ans. Ce n’est qu’en 2014 que j’ai finalement accepté de m’y conformer afin de pérenniser cet ordre du pacte ancestral. Grâce au bon Dieu et aux expériences acquises dans ma vie professionnelle, je gère ma communauté comme il se doit.
Alléluia Event : Quelle est l’histoire de la tribu Douonon ?
BI TRA Mathurin VOLI : Les DOUONON sont GOURO de ZUENOULA qui ont pour nom commun «DJIEBI » et pour totem de façon générale l’hippopotame et la biche royale ou rouge ensuite s’ajoute le serpent en particulier. Les DOUONON sont originaire de l’actuel département de VAVOUA précisément du village de KARANDJAH à SEHITIFLA. Ainsi l’ancêtre Douonon du nom de SEHININ avait trois (03) fils qui vivaient en parfaite harmonie. On note comme descendant de SEHININ :
- SEHININ BI KASRÔ
- SEHININ BI BESRÔ
- SEHININ BI GUIKINIGUILA
Un jour, ils sont attaquer par des ennemis. Pour des raisons de cette guerre tribale, ce peuple a dû fuir devant l’ennemi pour un autre lieu paisible. C’est ainsi que les trois frères ont traversé le fleuve BANDAMA pour se retrouver dans les environs de l’actuel ZUENOULA.
Dans cette traversée du fleuve BANDAMA, ils étaient à la recherche de solutions pendant que l’hippopotame apparait. Un contrat ancestral fut conclu et l’animal a servi de pont aux frères pour atteindre l’autre rive du fleuve. C’est ainsi que depuis le contemporain, les DOUONON ne consomme pas de la viande de l’hippopotame. La biche royale ou rouge a effacé les traces des aventuriers afin que l’ennemi ne puisse retrouver leurs traces. C’est ainsi que depuis le contemporain, les DOUONON ne consomme pas de la viande de l’hippopotame et la biche royale ou rouge en guise de reconnaissance à ses animaux pour leurs avoir rendu service.
Alléluia Event : Comment s’explique aujourd’hui la situation géographique des Gouro Douonon ?
BI TRA Mathurin VOLI : A la recherche de terre fertile à l’agriculture et à la chasse, l’un d’entre eux ; du nom de SEHININ BI KASRÔ prit une autre direction.
Les deux autres SEHININ BI BESRÔ et SEHININ BI GUININGUILA se dirigèrent vers le nord où ils affrontèrent d’autres peuples dans les environs de l’actuel BADIEFLA. Après avoir réussir à repousser leur adversaire, ils s’installèrent pour créer le village qui est l’actuel POHIZRA. Quant à SEHININ BI BESRÔ, il poursuivi son avancée pour créer l’actuel ZOUGOUNEFLA.
SEHININ BI GUININGUILA donna naissance à une génération qui est :
- SEHININ BI SALOKLAI
- SALOKLAI BI ZAN
- ZAN BI KAHA
- KAHA BI POHI
Ainsi fut créé POHIZRA et ses familles. Donc POHIZRA DOUONON fut père de tous les villages DOUONON qui donna naissance tour à tour, après ZOUGOUNEFLA à BANGOFLA, BEHIOULERA, VOUEBOUFLA TUEIFLA, BROUZRA, BOFLA, BADIEFLA, PETIT ZIRIFLA et TRABIMENEFLA aujourd’hui dans la circonscription administrative de IRIEFLA du fait de sa position géographique.
Alléluia Event : Quelles sont les principales activités des populations de la tribu Douonon ?
BI TRA Mathurin VOLI : Ils sont des agriculteurs (planteur), des artisans (forgeron et Tisserant) et des chasseurs. Ils vivaient de l’igname sauvage appelée « SAIHI » de riz (ZAMBLEBAN SAHA ou Riz rouge) et de cueillette. Pour la sauce, ils utilisaient beaucoup les feuilles dont les plus fréquentes étaient le « MOUMOU » ou salade africaine, le NIYI, YORLO, PINI ou GNAGNAN, etc…
Le sport le plus pratiqué était la lutte traditionnelle et le jeu de résistance (LE DOUEYI). On note les masques sacrés comme le YOUNIN ,le DJO et le GBAHA. Comme danses de réjouissance, on a le KROULOU, le ZAOULI, le WRAMMO, le ZAOULI, etc…
BI TRA Mathurin VOLI : Mon rôle en tant que chef, c’est d’appeler les filles et fils de la tribu DOUONON à la cohésion sociale et à la paix. Au-delà de ce fait, je souhaite pour ce 63e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance ; une vraie réconciliation des cœurs autour de nos idéologiques communes, la paix, la tolérance et l’hospitalité, vive la Cote d’Ivoire.
Alléluia Event : Pour la célébration de l’an 63 de la Cote d’Ivoire, vous serez mise en lumière. Quel est le sentiment qui vous anime ?
BI TRA Mathurin VOLI : Pour l’honneur qui est fait à ma tribu, je ne peux que me réjouir et remercier le Président de la République Monsieur ALASSANE OUATTARA qui ne ménage aucun effort pour le développement de la tribu DOUONON. Grace au programme d’urgence présidentiel tous les villages de ma tribu ont bénéficié du réseau électrique. En plus Pohizra DOUONON vient de bénéficier de la construction de six classes et d’une maternelle sans toutefois oublier le collège de proximité accordé à la tribu DOUONON
Alléluia Event : Avez-vous des doléances ?
BI TRA Mathurin VOLI : Je profite de ce microphone pour égrainer quelques doléances à savoir le
- butinage de l’axe ZUENOULA – KOUNAHIRI passant par la sous – préfecture de VOUEBOUFLA
- La communalisation de certains villages de la tribu DOUONON.
- La construction des infrastructures scolaires et le renforcement du personnel enseignant.
Alléluia Event : Votre message de fin ?
BI TRA Mathurin VOLI : Mon message pour la Cote d’Ivoire, c’est un message de Paix et de Réconciliation entre les politiques pour la préservation de ce beau pays.
Interview réalisé par JRN